Le Cnes observera, à partir d'aujoud'hui, trois jours de protestation même si, selon le coordinateur de cette organisation syndicale, le ministre de tutelle s'est engagé à prendre en charge plusieurs points qui sont des revendications exprimées par les enseignants. Même si le spectre d'une grève de 15 jours dans les universités algériennes s'est éloigné, les enseignants du supérieur observeront toutefois trois journées de protestation à partir d'aujourd'hui. “Nous avons décidé de transformer notre grève de 15 jours en 3 journées de protestation conformément à la décision du conseil national de notre syndicat tenu les 13 et 14 mai”, a annoncé M. Abdelmalek Rahmani, coordinateur national du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) lors d'une conférence de presse animée hier au siège de l'Unpef à Alger. Pour rappel, le Cnes a lancé le 23 février un préavis de grève de 15 jours à partir du 30 mai. Pourquoi ce recul du syndicat des enseignants ? Explication de M. Rahmani : “La justice nous a rendu, jeudi, destinataires d'une notification faisant état de l'illégalité de notre grève. Cette décision a été affichée dans toutes les universités du pays par l'administration. Nous sommes légalistes et nous respectons la décision de la justice. Aussi, nous avons décidé une autre action qui n'est pas contraire à la loi, à savoir observer des journées de protestation”. Une session du conseil national du Cnes sera aussi tenue le 1er juin pour décider de la suite à donner à ce mouvement de protestation, mais aussi pour examiner les résultats de la réunion tenue lundi dernier par les membres du Cnes avec le ministre de l'Enseignement supérieur, M. Rachid Harraoubia et qui a planché sur plusieurs dossiers (régime indemnitaire, logement, la bonne gouvernance, la démocratisation des universités et les libertés syndicales). Selon M. Rahmani, cette réunion de 6 heures a été ponctuée de beaucoup d'avancées. Signe de la bonne volonté du ministre de l'Enseignement supérieur à régler les problèmes des enseignants, la conformité entre son PV et celui du Cnes. Mieux, à entendre le coordinateur du Cnes, le ministre de tutelle s'est engagé à prendre en charge plusieurs points qui sont des revendications de ce syndicat. Pour ce qui est du dossier des salaires, M. Rahmani s'est félicité de la résolution de la question du régime indemnitaire après intervention du Premier ministre Ahmed Ouyahia, même s'il considère que ce n'est pas le régime indemnitaire qui réglera le problème des salaires puisque celui-ci est beaucoup plus lié au pouvoir d'achat. Mais le ministre ne s'est pas engagé sur l'application d'un effet rétroactif à partir du 1er janvier comme demandé par le Cnes. Concernant le dossier des 6 500 logements affectés aux enseignants, le Cnes a arraché le principe d'une pré-affectation de tous les logements finis ou non aux enseignants qui sont dans le besoin. En outre, les enseignants ayant des F1 seront relogés dans des appartements plus spacieux. Autre signe de la volonté de M. Harraoubia d'œuvrer à l'apaisement : sa décision de réintégration et de réhabilitation dans ses droits de l'enseignant Ahmed Rouadjia, suspendu de ses fonctions suite à une plainte déposée contre lui par le recteur de l'université de M'sila qui lui a reproché le contenu d'un article sur l'université de M'sila. À entendre M. Rahmani, les deux parties ont aussi convenu de la nécessité d'une gestion transparente des stages à l'étranger. À l'avenir, les quotas tout comme les noms des bénéficiaires seront affichés sur les sites Internet du ministère de l'Enseignement supérieur et celui du Cnes. La question de la nécessité de l'élection des chefs de département a été aussi abordée. De plus, M. Harraoubia s'est engagé à réformer les textes régissant les conseils d'administration des universités puisque 80% de ces structures au sein des instituts ne fonctionnement pas. Le Cnes sera désormais membre à part entière dans ces conseils. Pour ce qui est de l'évaluation des universités, M. Rahmani a fait part de l'existence d'un projet de décret portant création de deux conseils : le premier sera chargé de l'évaluation de la gestion des universités et le second de la recherche scientifique qui a bénéficié d'une enveloppe de un milliard de dollars sur une période de 3 ans. Nuance : le projet n'est pas encore sur le bureau du Premier ministre. Mais avec toutes ces avancées, pourquoi alors le Cnes a décidé d'observer des journées de protestations ? “C'est une décision du conseil national. On ne peut que s'y conformer”, expliquera M. Rahmani. Arab CHIH