«Si la réglementation n'est pas respectée, la tutelle prendra les dispositions qu'il faut.» Le secteur de l'enseignement supérieur sera particulièrement agité la semaine prochaine. Plusieurs actions organisées par les syndicalistes sont prévues. Ainsi, toutes les universités du pays seront encore une fois paralysées pendant deux jours, à savoir les 17 et 18 avril. L'appel au débrayage lancé, cette fois-ci, et pour la première fois, par la Coordination nationale des syndicats et associations de l'enseignement supérieur, prendra donc effet lundi prochain, soit une semaine après la reprise. La Coordination regroupe cinq syndicats, en l'occurrence le Cnes, le Syndicat national des maîtres-assistants en sciences médicales, le Syndicat national des professeurs et docents, l'Association nationale des professeurs et maîtres de conférence ainsi que le Syndicat des chercheurs permanents. Durant ces deux jours, des assemblées générales seront organisées afin de voter la proposition d'entamer une grève pour le mois de mai prochain. Un appel a été lancé par les syndicalistes aux enseignants, à ce propos, pour participer à ce vote. Le Cnes a proposé la date du 13 mai pour le début de la grève. «Nous n'avons pas encore achevé les modalités pratiques pour arrêter la date finale et la forme que prendra notre action. Mais, une chose est sûre, elle sera programmée à partir de la mi-mai», a déclaré le Dr Boubzari, président du Syndicat des maîtres-assistants, joint hier par téléphone. La situation devient donc de plus en plus inquiétante et le spectre de l'année blanche se profile à l'horizon. Du côté de la tutelle, l'on indique que «les portes du dialogue sont toujours ouvertes». Sur ces mouvements de protestation, M. Ben Hammouda, chargé de communication au ministère de l'Enseignement supérieur, contacté hier, affirme que la Coordination a le droit de faire grève mais tout en respectant les lois. «Par contre, si la réglementation n'est pas respectée, la tutelle prendra les dispositions qu'il faut». Il souligne aussi que la tutelle n'a été destinataire d'aucun document officiel de la part des syndicalistes concernant ce mouvement. Sur ce point, les syndicalistes estiment que pour organiser une journée de protestation, «nous n'avons pas besoin de déposer un préavis». S'agissant du statut particulier de l'enseignant, M. Ben Hammouda souligne qu'une commission mixte ministère-syndicat a été installée dans ce sens pour l'étudier. Quant à la revendication salariale, il précise qu'elle ne relève pas des prérogatives de la tutelle mais de la Fonction publique. Il y a lieu de rappeler, ici, que les pourparlers entre les deux antagonistes, ont commencé il y a de cela plus de deux années. Et, à ce jour, les choses n'ont guère avancé. Au contraire, elles demeurent toujours à la case départ. La situation à laquelle est arrivée l'université algérienne, de l'avis du Cnes, ne lui permet pas de former les cadres dont le pays a besoin, encore moins de fournir l'élite de demain. Avec un cursus perturbé, les étudiants se retrouvent complètement perdus, chose qui se répercute négativement sur leur rendement. Le président de la République avait soulevé, ce problème lors de la tournée qu'il a effectuée, dimanche dernier, dans l'Algérois. «Aujourd'hui, nous avons des diplômés universitaires qui ne maîtrisent ni la langue arabe ni la langue française. Nous avons même des diplômés en droit qui ne connaissent même pas la loi», avait-il regretté. Le Syndicat des enseignants avait, rappelle-t-on, provoqué une assemblée générale à l'issue de laquelle une grève d'une semaine, du 25 février au 2 mars, avait été décidée. Un débrayage qui avait paralysé, selon les syndicalistes, à moitié le secteur de l'enseignement supérieur. Les enseignants, depuis le début des négociations, réitèrent les mêmes revendications lesquelles sont relatives à la révision de la grille des salaires des universitaires, l'élaboration d'un statut pour l'enseignant du supérieur, le logement social, la démocratisation ainsi que la révision de la politique de gestion de l'université.