Mercredi dernier, la coopérative El-Afsa de Tlemcen, lauréate du Grand Prix au Festival régional du théâtre professionnel de Sidi Bel-Abbès, a rejoint la compétition avec la pièce Likaâ Maâ…, une adaptation de Abdelkrim Gheribi d'après la nouvelle l'Arbre de Slawomir Mrozek. Mise en scène par Ali Abdoun et Yahia Ben Ammar (également scénographe de la pièce), Likaâ Maâ... c'est l'histoire de deux hommes qui décident de mettre fin à leur vie : le premier, incarné par Amine Missoum, pauvre et sans espoir attendait pourtant tant de la vie ; de son côté, le second, incarné par Abdellah Nemiche, est blasé et n'espère plus rien. Après un échange entre les deux personnages, une femme apparaît et trouble les projets des deux protagonistes. Elle deviendra une bonne raison de rester en vie pour les deux personnages. Likaâ Maâ… tend à exprimer les malheurs de l'homme dans une société en éternelle mutation, la quête du bonheur, et l'interdépendance qui existe entre les individus. Chaque choix, chaque acte, aussi infime soit-il, a des conséquences sur le reste du monde. D'autre part, le décor dans lequel évoluait les trois comédiens était représenté par une main. Enfermé dans un monde comme dans une main, les personnages sont des pantins dans un jeu de destin… mais c'est de leur vie qu'il s'agit. Par ailleurs, les comédiens ont presque été à la hauteur des attentes, si ce n'est le soliloque de 11 minutes, qui ouvre la pièce, et que le comédien Amine Missoum a récité tant bien que mal. Long et très important, ce monologue ne peut être tronqué de la pièce puisqu'il installe les spectateurs dans la pièce ; du coup, le metteur en scène n'a pas eu vraiment le choix. Quant à Amine Missoum, il a essayé de jouer avec sa voix et sa gestuelle mais il est souvent tombé dans l'exagération. Fort heureusement, il a évité le jeu de profil. Le fraîchement débarqué, Abdellah Nemiche, qui a pris la place de Mourad Khan, s'est distingué par sa justesse. N'ayant pas encore maîtrisé son rôle, puisque c'est sa troisième représentation publique, Abdellah Nemiche est sur la bonne voie. Quant à Warda Saïm, elle a marqué Likaâ Maâ… par son charisme et sa présence. En revanche, le metteur en scène n'a pas eu autant de liberté que les comédiens, puisque encore une fois, le scénographe l'a effacé. Jeudi dernier, c'est le Théâtre régional de Tizi Ouzou qui a présenté au public du TNA, sa dernière production intitulée la Spirale. Malgré les efforts des comédiens qui ont été justes, la thématique de la pièce qui appartient au genre de l'absurde, est quelque peu dépassée. Mise en scène par Aïssa Djekati, d'après le texte de Lahcène Miliani, la Spirale c'est l'histoire d'une famille déjantée qui reçoit la visite du chef de la police. Troublant la folie dans laquelle semble baigner la famille, celui-ci vient dans le cadre d'une enquête pour élucider un crime, et se trouve plongé dans la même folie que le reste de la famille. Une pièce, somme toute sympathique, mais pas pour représenter un théâtre régional dans une compétition nationale. Dans un autre contexte, les représentations off se poursuivent. Jeudi passé, la salle El-Mouggar a abrité la représentation de Le Professeur Klenow, mise en scène et adaptée par Haïder Benhessine, d'après le texte de la femme de lettres danoise Karen Bramson. Dans une cacophonie des plus horribles, un travail de déconstruction textuelle a été réalisé, causant ainsi l'incompréhension et le rejet par les spectateurs. Dans un contexte où le théâtre construit et se construit, pourquoi cette envie de détruire ?