Dans sa copie annuelle, l'ONG, pour une fois, n'a épargné personne. L'organisme de défense des droits de l'homme brosse dans 424 pages, l'image d'un monde confronté à un accroissement des inégalités. Tous les pays sont touchés par les discriminations, pauvres et riches, développés, émergents et arriérés, démocratiques authentiques et de façade et totalitaires. Un tableau de la planète noir. Femmes, jeunes et enfants, travailleurs, chômeurs, migrants, minorités, communautés religieuses, tout le monde a droit à son chapitre. Une situation pas si nouvelle que ne le fustige Amnesty. Pour l'ONG, c'est la faute à la crise ! Il y a du vrai mais ce n'est pas tout. Les germes sont dans le système mondial injuste, c'est certain, mais il y aussi des causes endogènes liées à la nature de systèmes politiques frileux, pour ne pas dire davantage, sur les libertés individuelles, voire tout simplement sur les droits universels élémentaires. Amnesty a pointé, à juste titre, les pays riches et puissants, qui disent aujourd'hui ne pas disposer de ressources nécessaires à la lutte contre la pauvreté, les épidémies et l'analphabétisme alors qu'ils avaient soudain trouvé des sommes faramineuses pour voler au secours de leurs banquiers à la dérive. C'est dit par Irène Kahn, SG d'Amnesty international. Les faillites boursières ont précipité le monde dans la crise multisectorielle (économique, sociale, politique, alimentaire et écologique). Et pour Amnesty, ses effets sur les droits humains sont loin d'être clos : le coût et les conséquences de la chute des bourses financières qui a touché les secteurs de l'économie réelle, devraient avoir des répercussions sans précédent sur la protection des droits, de la vie et des moyens de subsistance des populations, prédit l'organisme des droits de l'homme. Et pour compléter ce portrait pessimiste du monde des droits de l'Homme, le rapport met en lumière des disparités accrues entre pays riches et pauvres : “Les riches sont responsables de la plupart des causes qui ont précipité la catastrophe, mais ce sont les pauvres qui en supportent les conséquences les plus graves.” Pour une fois, Amnesty pointe du doigt la mondialisation qui n'a pas réalisé l'équation croissance économique égale droits humains. Loin s'en faut, le système n'a eu que des impacts sociaux désastreux. La Banque mondiale a d'ores et déjà prévu que plus de 200 millions de personnes rejoindront cette année les personnes vivant sous le seuil de la pauvreté. L'envolée des prix des denrées alimentaires, les licenciements de travailleurs se poursuivront à l'échelle planétaire. Ce qui aggravera les inégalités sociales, civiques, politiques et économiques.