Le premier responsable de la wilaya de Aïn Témouchent n'a pas été tendre, lors d'une réunion, jeudi, avec l'ensemble des responsables locaux qu'il a convoqués pour la circonstance. En particulier, les maires et les chefs de bureaux de l'hygiène communaux et des services sanitaires et vétérinaires. “Si j'ai pris la décision de faire participer les représentants de la force publique (police, gendarmerie et police de l'urbanisme) à cette rencontre jugée capitale au vu du danger qui guette la région, c'est pour agir et au plus vite”, précisera le wali. Pour lui, à travers le laxisme et la passivité des élus locaux, qui sont beaucoup plus préoccupés par leur statut, l'Etat a perdu toute sa notion de puissance publique. En effet, pour mieux illustrer son intervention, le chef de l'exécutif de la wilaya donnera l'exemple de ces nombreux arrêtés de fermeture des établissements commerciaux et des puits, établis par les municipalités et restés sans suite puisque les contrevenants continuent de jouir de leurs biens en toute impunité. “Pour preuve, aucune plainte n'a été déposée à leur encontre, sachant qu'un Etat fort n'a pas à se plaindre mais à agir conformément à la loi (…). J'ai reçu des interventions pour fermer l'œil sur le pâtissier d'El-Malah à l'origine de plusieurs cas d'intoxication éparpillés à travers plusieurs communes”. Intervenant dans un langage qui se veut transparent, le wali a saisi cette occasion pour évoquer la vague d'intoxications qui a touché des dizaines de victimes pour avoir consommé des gâteaux avariés ayant pour origine une pâtisserie située à El-Malah. “J'ai décidé de fermer le local et d'ester en justice le propriétaire du commerce pour empoisonnement”. En outre, le wali parlera de complicités de P/APC qui encouragent des activités porteuses de maladies épidémiologiques et ce, en se substituant au wali, au lieu de s'occuper de leur véritable mission qui consiste en une gestion moderne de la cité. “Vingt et une décharges publiques à Béni-Saf, une ville censée être propre, du jamais vu !”, dira-t-il. Le premier responsable de la wilaya n'est pas allé de main morte avec les autorités locales de la commune de Béni-Saf touchée par la peste bubonique où l'on a relevé un cas — un enfant de 7 ans — actuellement hospitalisé au CHUO. Appelé à se prononcer devant l'assistance, le chef de daïra de Béni-Saf a reconnu l'existence de pas moins de 21 décharges publiques. Il ajoutera que l'opération de désinfection se poursuit. Une telle information a outré le wali qui a qualifié d'inadmissible cette situation, tout en lui fixant un délai de 10 jours pour y remédier. Par ailleurs, les chefs des BHC n'ont pas été en reste puisqu'ils ont reçu leur lot de diatribes et ce, au même titre que ceux des services sanitaires et vétérinaires. Pour le chef de l'exécutif, les BHC n'existent que sur du papier. Concernant les mesures à prendre pour la lutte contre la peste bubonique, le wali a prévenu qu'il faudra commencer par éliminer la puce porteuse de sang de rats infectés à la faveur d'un vaste programme de désinfection avant de s'attaquer à une opération de dératisation de grande envergure. Une brigade d'intervention de 20 éléments, équipée de moyens adéquats et approvisionnée d'une quantité suffisante de produits désinfectants, a été constituée par le P/APC de Aïn Témouchent. Cette brigade qui a entamé l'opération de désinfection aux alentours de la ferme Belhadef-Abdelkader, lieu où fut découvert le premier cas de la peste bubonique de la wilaya, poursuivra son action à travers toute la wilaya. La seconde phase sera consacrée à une opération de dératisation tous azimuts, où l'on a appris la dotation par la wilaya d'un grand nombre de pièges à rat. Rappelons enfin que deux cas de peste bubonique ont été reconnus négatifs à la suite des analyses effectuées par le laboratoire épidémiologique d'Oran. Il s'agit notamment de la femme de B. M., victime de la peste bubonique, qui se trouve toujours hospitalisée à Oran et d'un membre de la famille du jeune garçon âgé de 7 ans de Béni-Saf qui, lui aussi, a été touché par l'épidémie et qui a été admis au CHU Oran. A. A.