Les Etats-Unis ont rejeté mardi tout rôle dans l'attentat, qualifiant d'«absurdes» les accusations portées par Téhéran. Israël n'a toujours pas réagi. L'Iran s'est dit convaincu hier que les services de renseignement américains (CIA) et israéliens (Mossad) étaient à l'origine de l'attentat ayant coûté la vie à un scientifique nucléaire iranien, et a attaqué avec virulence le président américain Barack Obama. «Nous avions reçu au cours des derniers jours des informations très claires selon lesquelles les services de renseignement du régime sioniste, avec l'aide de la CIA (américaine), cherchaient à perpétrer des actions terroristes à Téhéran», a déclaré le président du Parlement, Ali Larijani, évoquant l'attentat de la veille contre Massoud Ali Mohammadi. Les Etats-Unis ont rejeté mardi tout rôle dans l'attentat, qualifiant d'«absurdes» les accusations portées par Téhéran. Le président du Parlement a néanmoins accusé les Etats-Unis et Israël d'avoir décidé de «recourir à l'élimination physique des savants iraniens» après «l'échec» de leurs tentatives pour arrêter le programme nucléaire par des sanctions économiques et des menaces de frappes. Téhéran a déjà accusé en décembre les Etats-Unis et Israël d'avoir enlevé un physicien nucléaire, Shahram Amiri, disparu en mai 2009 en Arabie Saoudite. M.Larijani a en outre accusé le Mossad et la CIA d'avoir cherché à camoufler leur action derrière un groupe monarchiste, Takavaran Tondar, basé aux Etats-Unis. Ce groupe a revendiqué brièvement l'attentat sur son site Internet, avant de démentir. «En quelques heures, un groupe monarchiste sans crédibilité, qui agit sous la protection de la CIA, a revendiqué cette action terroriste. La CIA et le régime sioniste ont peut-être cru pouvoir créer une fausse piste», a commenté Ali Larijani. «Ces actions terroristes ne donneront aucun résultat et le peuple iranien défendra avec plus de détermination ses acquis nucléaires», a-t-il estimé. L'Iran est menacé de nouvelles sanctions internationales pour son programme nucléaire, dont les Occidentaux craignent qu'il ne vise à le doter de l'arme atomique en dépit des dénégations iraniennes. Ces sanctions doivent être évoquées samedi à l'ONU par les directeurs politiques du groupe des six (Etats-Unis, Russie, Chine, Allemagne, Royaume-Uni, France) chargés du dossier. Ali Larijani s'en est aussi pris violemment au président américain Barack Obama. De «son slogan pour le changement, il ne reste plus qu'une vieille image de va-t-en guerre et de terroriste», a-t-il lancé. «Comment pouvez-vous héberger ce groupe (Takavaran Tondar) (...) alors que vous prétendez depuis des années lutter contre le terrorisme et avez imposé plusieurs guerres à la région sous ce couvert?». Massoud Ali Mohammadi, 50 ans, professeur de physique nucléaire à l'université de Téhéran, a été tué mardi matin par l'explosion commandée à distance d'une moto piégée alors qu'il quittait son domicile. Il a longtemps travaillé avec le corps des Gardiens de la Révolution (Pasdaran), fer de lance des forces armées iraniennes, lors de la guerre contre l'Irak (1980-88) puis jusqu'en 2003, selon les informations publiées dans la presse iranienne. Il enseignait également à l'université Imam Hossein des Pasdaran de Téhéran, selon le Bassidj - la milice islamique qui relève des Pasdaran - qui l'a présenté comme «un professeur bassidji», c'est-à-dire proche de l'aile dure du régime. Plusieurs sites de l'opposition ont toutefois affirmé qu'il avait soutenu la candidature de Mir Hossein Moussavi lors de la présidentielle de juin. Le site de l'opposition Rahesabz a réaffirmé hier qu'il faisait partie «des professeurs connus qui, au cours de l'année passée, ont eu des activités importantes pour soutenir le mouvement Vert», la couleur sous laquelle l'opposition interne au régime a placé sa lutte contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad.