En déclarant que la cité a tant besoin que les disciplines artistiques et culturelles la réinvestissent à l'effet de contribuer à l'épanouissement pluriel du citoyen, Redouane Mohammedi n'a pas cru si bien dire. Et ce n'est pas la somptueuse séance de clôture de la 6e édition d'Andaloussiate Al Djazaïr, abritée par le théâtre en plein air du Complexe culturel Laâdi-Flici, qui le démentira. Avec, à la clé, une formidable école algéroise que la magistrale direction, assurée par Sid-Ahmed Serri et Mohammed Kheznadji, n'a pas manqué de sortir de sa paresse musicale privilégiant le chant à l'unisson des voix et une liaison artistique à ces baliseurs du désert culturel que sont ces deux grands chantres de l'école algéroise. Des moments inoubliables à la portée symbolique pour peu que les associations de l'école d'Alger comprennent, une fois n'est pas coutume, que leur devenir artistique dépend grandement du répertoire de leurs aînés et de leur adhésion à un projet choral en relation étroite avec la transformation objective et démocratique de leur pratique artistique. L'exemple leur a été donné par la manière dont a été organisée cette 6e édition qui a visé, avant tout, la valorisation de l'héritage musical classique algérien à la faveur de concerts, de conférences et d'ateliers de formation. Placée sous le signe générique “Un patrimoine à méditer au présent et à partager”, Andaloussiate El-Djazaïr 2009 a été, de l'avis même de plusieurs intervenants, parmi lesquels des représentants des écoles de Tlemcen, d'Alger et de Constantine, l'occasion d'affirmer davantage la solidarité du mouvement associatif avec un établissement à caractère culturel qui déploie des efforts certains pour rétablir dans ses droits historiques la citadinité, inhibée qu'elle est par un flou artistique des plus castrateurs. Cette manifestation a été rehaussée par la participation de nombreux conférenciers venus de Tlemcen, d'Alger, de Constantine et de Annaba à l'effet de faire partager leur amour pour ce patrimoine ancestral. D'éblouissantes autant que percutantes conférences dont les argumentaires soulignent presque tous le caractère irréversible de la réappropriation sur des bases scientifiques de notre patrimoine. Que dire alors des soirées musicales merveilleusement portées par Al Djazira d'Alger, Ahbab Sadek El-Bedjaoui de la capitale des Hammadides, El-Bachtarzia de Koléa, El-Adabia de Blida, d'El-Djazaïria El-Mossilia, Nassim El-Andalous, Mouhibine El-Fen de Constantine, Er-Rachidia de Cherchell, ou encore l'éclatante Fen El-Açil de Khemis-Miliana ? Sinon que toutes ces sociétés musicales ont comblé d'aise une assistance des grands jours, particulièrement émue par ses retrouvailles avec Zakia Kara-Terki, Lamia Madini et Dalila Mekadder. La direction de l'établissement Arts et Culture est comblée d'aise. Elle qui ne cesse, à la faveur de nombreuses journées d'études, d'insister sur le fait avéré que le désordre urbain et la non-ville sont des non-sens et ne peuvent être d'aucun apport pour la connaissance scientifique de la société actuelle. C'est-à-dire une connaissance qui se fixe pousr objectif cardinal la réappropriation, sur des bases scientifiques, des particularités patrimoniales locales en vue de les hisser au diapason de l'universel.