Que dire alors de la soirée inaugurale merveilleusement portée par l'ensemble algérois Al Djazira qui aura comblé d'aise, sur le plan musical, une assistance des grands jours ? Des mélomanes venus en force à l'effet de contribuer à faire voler en éclats l'impasse imposée à la citoyenneté par le désordre urbain et la non-ville. En animant sa conférence de presse autour de la VIe édition d'Andaloussiate El Djazaïr, le directeur de l'établissement Arts et Culture n'a pas manqué d'asséner quelques vérités en relation étroite avec son rapport à la musique classique algérienne. Particulièrement fier de perpétuer une tradition, il n'en reste pas moins convaincu par la nécessité d'opérer une complète rupture avec une manière de célébrer ce patrimoine sous le signe d'une simple évocation d'un passé fut-il auréolé de toutes les gloires. Pour Redouane Mohammedi, l'heure n'est plus à la pusillanimité ; la sauvegarde et la propagation de la musique classique algérienne méritent que l'on s'y attarde, une réflexion idoine susceptible de lui permettre d'être au diapason des aspirations citoyennes. La cité, confiera-t-il, a tant besoin que les disciplines artistiques et culturelles la réinvestissent à l'effet de contribuer à l'épanouissement pluriel du citoyen : “Pour nous, en privilégiant la valorisation de cet héritage culturel, nous voulons contribuer à mieux faire connaître les richesses de la mémoire collective et mettre en évidence sa portée pédagogique.” Parcourir son grand passé pour ne plus douter de son avenir, soulignera-t-il avec force ; le parcourir avec la consciente complicité des associations impliquées dans la propagation du patrimoine musical classique algérien, c'est un peu réconcilier le citoyen avec lui-même, insister sur le caractère national de cet héritage qui a survécu à l'érosion du temps et à l'indifférence des clercs : “Conscient du rôle qui est le sien dans la valorisation culturelle, l'établissement Arts et Culture tentera lors de cette nouvelle nouba printanière d'allier le festif au pédagogique. L'objectif avoué est de faire sortir de l'ombre les richesses de notre patrimoine. Un patrimoine à méditer au présent et à partager.” Andaloussiate El Djazaïr 2009 sera donc l'occasion, de l'avis même de plusieurs intervenants, parmi lesquels des représentants des écoles de Tlemcen, d'Alger et de Constantine, d'affirmer davantage la solidarité du mouvement associatif avec un établissement à caractère culturel qui déploie des efforts certains pour rétablir dans ses droits historiques la citadinité dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle demeure inhibée par un flou artistique des plus castrateurs. Prévue du 4 au 29 mai au complexe culturel Laâdi-Flici, cette manifestation sera rehaussée par la participation de nombreux conférenciers venus de Tlemcen, d'Alger, de Constantine et de Annaba à l'effet de faire partager leur amour pour ce patrimoine ancestral et de faire part de leur souci de tout mettre en œuvre pour que le constat qui en sera fait soit impérativement suivi par des actes fondateurs d'une nouvelle conception de sauvegarde et de propagation. Sur ce plan, le ton a déjà été donné, hier mercredi, par le docteur Yahia Ghoul et Fayçal Benkalfat à la faveur de deux éblouissantes autant que percutantes conférences dont les argumentaires ont été dédiés à la réappropriation sur des bases scientifiques de notre patrimoine. Conférenciers et ensemble musical ont comblé d'aise le directeur de l'établissement Arts et Culture qui ne cesse, à la faveur de nombreuses journées d'études, d'insister sur le fait avéré que le désordre urbain et la non-ville sont des non-sens et ne peuvent être d'aucun apport pour la connaissance scientifique de la société actuelle. C'est-à-dire une connaissance qui se fixe pour objectif cardinal la réappropriation sur des bases scientifiques des particularités patrimoniales locales en vue de les hisser au diapason de l'universel.