«Le débat sur le théâtre est d'abord un débat sur nous-mêmes», affirme l'universitaire Mohamed Abdoun. Un bel hommage sera rendu par la compagnie théâtrale El Gosto, Les 27, 28 et 29 octobre 2009 au Palais de la culture Moufdi-Zakaria ainsi qu'à l'Oref, au père de la littérature moderne algérienne, Kateb Yacine, décédé à Grenoble le 28 octobre 1989. L'initiateur de ce projet est le metteur en scène Ziani Chérif Ayad qui explique: «Pendant plus de deux ans, nous avons travaillé sur la vie et l'oeuvre de Abdelkader Alloula en proposant des rencontres publiques et professionnelles, des mises en espace et ateliers autour de son théâtre, puis la production et réalisation de El Machina d'après sa pièce Lagoual. Dans le même esprit, nous avons abordé l'oeuvre de Kateb Yacine en interrogeant ses amis auteurs, par la mise en espace de Lettres à Lucette de Bachir Hadj Ali et Kateb Yacine, le coeur entre les dents de Benamar Mediene et enfin la production et réalisation de L'étoile et la comète, une pièce sur la vie et l'oeuvre de Kateb Yacine écrite par Arezki Mellal.» Aussi, souligne-t-il: «Voilà vingt ans que Kateb Yacine nous a quittés; au-delà de l'hommage mérité à plus d'un titre et de la reconnaissance que chacun de nous éprouve pour le poète citoyen, il nous paraît utile, nécessaire et essentiel de nous rencontrer pour débattre de son oeuvre et de son engagement à mettre l'homme au coeur du drame, c'est-à-dire au coeur de son peuple et au coeur de son histoire. Il refuse de se taire, il revendique sa responsabilité d'artiste et de citoyen dans la cité, et cette responsabilité n'a de sens pour lui que dans la perturbation des idées toutes faites sur tout et des politiques qui écrasent les libertés, toutes les libertés y compris la liberté de conscience.» Aussi, cette première rencontre, nous apprend-on, consistera à interroger Kateb Yacine et son oeuvre sur notre époque contemporaine, où la fragmentation caractérise tous les domaines: socio économique, politique, culturel. Il s'agira également de se poser les questions suivantes: quel rôle peut avoir le théâtre? Quels défis doit-il soutenir? Quels langages doit-il parler pour communiquer avec la citoyenneté dont les coordonnées identitaires, les besoins et les points de repères sont de plus en plus flous, changeants et difficilement classables. Le débat débutera ainsi sur le théâtre comme lieu de rencontre, laboratoire des langages, porte ouverte sur le futur et un lien avec le passé. Placé sous le signe «Les rencontres Kateb Yacine, première édition», cette manifestation, fait remarquer l'universitaire M.Abdoun, est «un débat que veut ouvrir la compagnie Gosto Théâtre dans son exploration des oeuvres majeures de notre théâtre et leur contribution à la pertinence de la pratique théâtrale d'aujourd'hui». Et d'ajouter: «Une interrogation qui vient judicieusement faire écho à la question désarçonnante qui a clôturé le 23 février 2005 à Tunis les travaux du colloque consacré à "Kateb Yacine, un écrivain au coeur du monde"». Cette question était: «Quelle est aujourd'hui l'actualité de Kateb Yacine?» Et d'affirmer: «Le débat sur le théâtre est d'abord un débat sur nous-mêmes.» Pour sa part, Mohamed Lakhdar Maougal indique que «Les rencontres Kateb Yacine» est une initiative d'hommes d'actions et de productions artistiques, de producteurs de culture, d'universitaires et de faiseurs d'opinions, journalistes et critiques, pour créer dans le cadre de la compagnie théâtrale Gosto-Théâtre dirigée par Ziani Ayad Cherif, une institution pérenne de travail et de patrimonialisation de la création artistique et culturelle nationale. «Cette présente initiative, pour ses auteurs-concepteurs, vise à consacrer une mémoire intellectuelle et artistique plurielle», dit-il. Cet événement que propose donc Gosto-Théâtre «Kateb Yacine 20 ans après», se déroulera les 27-28 et 29 octobre prochain et se traduira par moult manifestations culturelles, artistiques et intellectuelles avec des représentations théâtrales, des projections cinématographiques, des récitals poétiques, des montages théâtraux, des lectures, des expositions de peinture, des concerts de musique classiques ou des concerts de chants divers, des tables rondes et des festivals avec des jurys divers sur les disciplines comme l'art, la littérature, le théâtre, etc. En somme, un programme riche et diversifié dont aussi une panoplie d'activités complémentaires alternant les productions et leur présentation et les débats et tables rondes à voix plurielles et multiples. Aussi, le 28 octobre, présentée par Mohamed Abdoun, une table ronde sera animée par Benamar Mediene, universitaire et critique d'art, dans la matinée, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, sous le thème, «Kateb Yacine: amitiés électives et camarades de combat». L'après-midi sera marqué, notamment par la projection de Nedjma, film documentaire de Djilali Khellas sur Kateb Yacine et se poursuivra par une table ronde modérée par M.Maougal autour de «Kateb Yacine, un intellectuel iconoclaste». Une seconde table ronde portera sur les dramaturgies arabes contemporaines, suivie par L'amour et la révolution, film documentaire de Kamel Dehane. Une troisième table ronde axera sur le journaliste qu'était Kateb Yacine et sera modérée par H'mida Layachi, à 19h et ce, à l'auditorium du Palais de la culture Moufdi-Zakaria. L'Etoile et la Comète, D'Arezki Mellal, mise en scène par Ziani Cherif Ayad, sera présentée le 27 octobre à l'Espace culturel (Chapiteau) de l'esplanade de Riadh El Feth. Quant à El Machina, d'après Les Dires de Abdelkader Alloula, (mise en scène de Ziani Cherif Ayad), elle sera donnée du 29 octobre au 03 novembre à 20h, au même endroit. Seront mis en espace aussi le 28 octobre à 20h30 La galaxie Kateb Yacine, de la poésie aux libertés, de Benamar Mediene (extraits) et Minuit passé de douze heures, écrits journalistiques de Kateb Yacine (1947-1989). (Choix de textes de Mohamed Lakhdar Maougal). A ne pas manquer! Pour en savoir plus, une conférence de presse sera organisée se jeudi matin au Palais de la culture Moufdi-Zakaria.