Rémunérations de la misère La tripartite se réunira prochainement pour fixer le salaire national minimum garanti vraisemblablement entre 15 000 dinars et 18 000 dinars, soit une hausse d'au moins 25%, en application d'une décision-promesse du président de la République, lors de la campagne électorale. Bonne nouvelle donc pour des millions de salariés et de retraités qui verront leurs revenus sensiblement augmenter à partir de cet été. Il faut reconnaître ici que, depuis l'investiture de Bouteflika, le SNMG a connu une série d'augmentations relativement importantes. L'effort de l'état en matière salarial s'est accompagné de mesures pour soutenir les prix des produits de large consommation, tels que le pain et le lait, afin de les mettre à la portée de la majorité de la population. Cela reste très insuffisant. En l'absence de statistiques fiables sur la hausse des prix ou l'inflation, on estime le revenu minimal de survie pour une famille de cinq personnes entre 30 000 et 50 000 dinars. On est donc très loin du compte. Au demeurant, ces salaires reflètent le sous-développement économique du pays. Ils renvoient aux contre-performances en matière de productivité et à l'incapacité de drainer des recettes fiscales ordinaires susceptibles de permettre une hausse plus importante du SNMG. Pis, si on se penche sur les dépenses de l'administration et de certaines entreprises d'Etat, on finira par constater qu'une partie de l'argent public sert à garantir les privilèges pour de hauts fonctionnaires, des cadres supérieurs de l'état et des dirigeants de firmes étatiques. Face à ces salaires de rente, une Algérie à deux vitesses semble se dessiner. Une masse de salariés aux revenus ne dépassant pas deux fois le SNMG et une minorité de cadres à fort potentiel dans les sociétés privées, les banques, les télécommunications et le secteur pétrolier, qui perçoivent au moins huit fois le SNMG. L'écart entre les bas et les hauts salaires s'est donc énormément élargi. Ce fossé risque, à la longue, de porter un rude coup à la cohésion sociale. L'alternative est simple : le salaire devra être la composante d'une véritable politique de ressources humaines axée sur la motivation du personnel à travers des plans de carrière, de formation, de recyclage et une évolution des rémunérations en fonction du rendement et des performances. Sonatrach semble avoir montré la voie. L'état, lui, en maintenant le statu quo en la matière, alimente le malaise social. Jusqu'à quand ? K. R. LIRE TOUT LE DOSSIER EN CLIQUANT ICI