Le centre Echaab des études stratégiques a initié, hier, un débat sur la politique française au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne. Cette rencontre, rehaussée par la présence d'universitaires et d'anciens diplomates algériens, a été animée par deux professeurs en sciences politiques de l'université d'Alger, Salah Saoud et Abdelhamid Bessaa. Dans son exposé, consacré particulièrement à la politique extérieure de la France au Moyen-Orient, le Dr Saoud a affirmé sans ambages que “l'actuel président français s'est aligné sur la politique de l'entité sioniste (Israël, ndlr) dans la région”. Il a même clairement laissé entendre, concernant le conflit israélo-palestinien, que l'Elysée ne cherche pas à “entrer en confrontation” avec les Etats-Unis, en tant que soutien inconditionnel d'Israël, ni avec les pays européens. “Sarkozy appelle à la paix sans définir celle-ci. En fait, il soutient la paix à l'américaine au Moyen-Orient”, a-t-il révélé. Au cours du débat, Salah Saoud complétera davantage son idée, estimant que la France travaille pour le compte des USA au Moyen-Orient et que sa position dans la région est “le résultat de la faiblesse des pays”. Par ailleurs, il ne se fait pas d'illusion sur le nouveau président américain, Barack Obama, qui continue, selon lui, à aider l'Etat hébreu, malgré “les belles paroles qu'il nous a adressées”. Pour l'universitaire, “Israël restera la base avancée” au Moyen-Orient, dans la nouvelle configuration des relations internationales. Dans ce cadre, il prédit également “la transformation du Moyen-Orient en Union”, visant à “affaiblir les pays arabes sans pour autant faire disparaître les Etats”. De son côté, le Dr Bessaa a confirmé que “la politique militaire” de la France demeure la même, quelle que soit la nature du pouvoir. Cela, en dépit des tentatives de désengagement, intervenues en 1974, à la suite de la crise de l'Ouganda et de celle de réformer la politique militaire pendant l'ère Mitterrand. Chassez le naturel, il revient au galop ! La crise qui a éclaté en 2002, en Côte-d'Ivoire, se distinguera donc par “la politique interventionniste”, voire “la politique canonnière”. L'arrivée de Nicolas Sarkozy, présenté jusque-là comme “le candidat du changement et de la rupture”, ouvrira la voie au prétexte humanitaire en vue d'une “intervention nécessaire”. Pour l'invité du Centre Echaab, Sarkozy a “reconduit la politique appliquée depuis les indépendances”. La preuve, dira-t-il, il a préfacé le livre blanc de la Défense, en 2008, un livre qui n'exclut ni “l'intervention unilatérale” ni les “zones d'influence”, encore moins “la présence suffisante en Méditerranée et à l'ouest-africain”. En plus clair, insistera-t-il, “le changement (de la France) est dans la continuité”.