Si d'aventure les choses restent en l'état au bout de ce quinquennat, ce qui semble le plus probable, le responsable du ratage est déjà identifié. C'est donc à ce seul dernier qu'il conviendra d'imputer l'ajournement perpétuel d'une véritable décentralisation. En visite à Tamanrasset avec le ministre des Ressources en eau, le ministre délégué aux Collectivités locales s'est voulu clair. Il l'a été dans une certaine mesure, il faut en convenir. Au sujet des évènements sanglants qui ont secoué la ville de Beriane, Ould Kablia aura même fait preuve d'une franchise peu courante chez nos gouvernants. L'enquête sur ces évènements est “terminée”, a-t-il dit, et “elle n'a rien révélé d'extraordinaire”, a-t-il ajouté. En somme, c'est à un “circulez, y a rien à voir !”, gentiment lancé, que l'opinion a droit. Une enquête pour rien, donc. Une de plus. Quant au dossier de la réforme des codes communal et de wilaya, en souffrance depuis des années, le ministre délégué a dit ce qu'on savait déjà. Le projet de réforme est inscrit dans le plan d'action du gouvernement. Sa mise en œuvre ? Elle interviendra quand le gouvernement le décidera, en fonction des priorités dont l'ordre de classement est de son seul ressort. Voilà qui est encore très clair : cette réforme, attendue surtout par ceux qui en escomptent une affirmation de la décentralisation des pouvoirs, n'est pas forcément une priorité du gouvernement. Le renvoi d'un tel chantier aux calendes grecques est d'ailleurs tellement difficile à assumer que M. Ould Kablia s'en lave les mains en affirmant que lorsque le premier ministre l'inscrira à son ordre du jour, le ministère de l'Intérieur sera prêt. Il y a là un message à saisir au vol : la balle est donc dans le camp d'Ouyahia et si d'aventure les choses restent en l'état au bout de ce quinquennat, ce qui semble le plus probable, le responsable du ratage est déjà identifié. C'est donc à ce seul dernier qu'il conviendra d'imputer l'ajournement perpétuel d'une véritable décentralisation qui donnerait de nouvelles prérogatives aux élus locaux et qui les affranchirait de l'omnipotence de l'administration et donc du pouvoir central. À ce niveau-là, le souci de la clarté exprimée d'emblée par M. Ould Kablia aurait dû l'amener à reconnaître que le refus de concrétiser une telle réforme procède plutôt de l'absence d'une volonté politique de déléguer aux institutions locales des pouvoirs à même de donner un souffle de démocratie à la vie publique.