Avertissant que la patience du peuple sahraoui "touche à sa fin", le diplomate sahraoui en poste dans la capitale algérienne affirme que la "barbarie de la réaction de l'occupation marocaine n'est pas différente de celle de l'occupation française en Algérie, de l'occupation américaine au Vietnam ou de celle israélienne en Palestine". Devant le silence de l'ONU et du Maroc sur la reprise des négociations, l'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique à Alger a indiqué, au forum de la Chaîne II de la radio nationale, dont il était l'invité jeudi, que le peuple sahraoui se trouve aujourd'hui “à la limite de la ligne rouge” dans son conflit avec l'occupant marocain, car sa “patience touche à sa fin”. Poursuivant dans le même sens, le diplomate sahraoui insistera sur le fait que “la patience du peuple sahraoui a atteint ses limites et l'ONU doit saluer l'esprit de collaboration” du Front Polisario depuis 1988. Il ne manquera pas de réaffirmer que le peuple sahraoui est animé d'une volonté “sincère” d'aboutir à une solution juste et pacifique dans son conflit avec le Maroc, tout en soulignant que cette volonté s'accompagne d'une autre, celle de “consentir plus de sacrifices” pour l'indépendance du Sahara occidental. Brahim Ghali rappellera également que le peuple sahraoui reste attaché au principe qui lui garantit l'autodétermination et l'édification de son Etat, car “toujours convaincu de la justesse de sa cause”. Selon lui, l'Intifadha du peuple sahraoui, qui a débuté depuis des années déjà, “se poursuit aujourd'hui”, et elle se traduit par “le refus catégorique de l'occupant par les citoyens sahraouis à travers les marches de protestation, les graffitis sur les murs, les manifestations et le boycott de toute action menée par l'occupant”. Très virulent dans ses propos au sujet de l'occupation marocaine, Brahim Ghali dira que “la barbarie de la réaction de l'occupation marocaine n'est pas différente de celle de l'occupation française en Algérie ou de l'occupation américaine au Vietnam ou de l'occupation israélienne en Palestine”. a rappelé l'ambassadeur. Déplorant que le royaume du Maroc “avait tenté et tentera de nouveau d'imposer la réalité colonialiste, à travers ses manœuvres de tergiversation”, il estimera que les Nations unies se retrouvent devant deux options. La première solution est d'exercer des pressions sur le Maroc pour avancer dans la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité et permettre au peuple sahraoui d'exprimer librement son choix et de disposer de son destin. Quant à la seconde, c'est de laisser la situation “s'empirer”. Continuant dans le même sens, l'ambassadeur de la RASD avertira que les Sahraouis, qui ont “fait assez de concessions à l'ONU”, ne sont plus disposés à en faire plus, et qu'”il est impossible pour l'ONU de faire une demande en dehors de ses chartes, ses principes ou sa décision 14-15 définissant l'autodétermination”. Plus explicite au sujet du référendum, il affirmera qu'alors que Maroc veut organiser un référendum au peuple sahraoui autour d'une seule question sur sa position sur l'autonomie, laquelle, selon lui, est “contradictoire avec la nature du conflit”, il serait “plus représentatif des décisions de l'ONU est que le peuple sahraoui puisse s'exprimer sur trois options, à savoir : l'indépendance, l'annexion au Maroc et l'autonomie”. Au sujet des négociations, Brahim Ghali déclarera que les prochains rounds de négociations “sont décisifs et devront déterminer le sort final du conflit qui évoluera vers le règlement ou prendra la voie contraire qui est celle de l'escalade", tout en précisant : "Je ne profère pas de menace, mais j'utilise des termes pesés dont je saisis le sens.” Interpellé sur les élections municipales marocaines d'hier dans les territoires occupés du Sahara occidental, il les a qualifiées de “provocation grave, de menace à la sécurité et à la stabilité de la région et de défi flagrant des chartes onusiennes et de la volonté de coopération de la partie sahraouie”, sans oublier de dire que l'absence d'une réaction de la part des Nations unies constitue “une complicité implicite inacceptable”. Sur ce point, il a appelé les citoyens sahraouis à boycotter les élections dénonçant les menaces et les tentatives des autorités marocaines “visant à faire sortir les citoyens de leurs domiciles pour les obliger à inscrire leurs noms”. Dans ce cadre, le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, avait appelé lundi dernier le secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à “intervenir en urgence” pour empêcher l'extension des élections locales marocaines aux territoires sahraouis occupés par le Maroc. Rappelant la tenue, les 20 et 21 juin à Alger, d'une réunion consacrée à l'examen de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental, l'ambassadeur sahraoui indiquera que les “graves violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales au Sahara occidental menacent la paix et la sécurité à travers le monde”.