Le Maroc a demandé à l'Espagne d'accréditer comme ambassadeur à Madrid M. Ahmed Ould Souilem, un ancien membre du groupe indépendantiste sahraoui Polisario, qui a rallié les positions marocaines, selon le journal El Pais d'hier. L'information n'a pu être confirmée de source officielle. Selon El Pais, qui cite une source diplomatique, Madrid devrait autoriser la nomination de cet ambassadeur, qui «ne l'enthousiasme pas». Ancien responsable diplomatique au sein du Polisario, Ahmed Ould Souilem, 59 ans, a rallié la position du Maroc au mois de juillet 2009, précise El Pais. Rabat estime que le Sahara occidental, une ancienne colonie e spagnole annexée en 1975, fait partie intégrante du royaume et propose une large autonomie sous sa souveraineté. Depuis qu'il a rallié la position marocaine, M. Ould Souilem soutient la proposition d'autonomie marocaine, selon le quotidien espagnol. Le but de cette nomination, selon le journal, est de montrer que tous les Sahraouis ne sont pas indépendantistes et de contrer l'élan de sympathie provoqué par la grève de la faim menée en Espagne fin 2009 par la militante indépendantiste Aminatou Haidar. Donc, si Rabat est certain que «tous» les Sahraouis ne sont pas indépendantistes, pourquoi n'accepte-t-il pas l'organisation d'un référendum d'autodétermination ? Peut-être que tous les Sahraouis ressemblent à Ahmed Ould Souilem. Les Algériens ont déjà connu ces pratiques sous l'occupation française qui nommait à certains postes des «indigènes» transfuges pour faire croire au reste du monde que tous les Algériens étaient pour la présence française en Algérie. La contradiction majeure du Maroc est contenue dans ses objectifs en nommant un transfuge sahraoui comme ambassadeur à Madrid : Si «tous les Sahraouis ne sont pas indépendantistes» cela veut dire que tous ne sont pas promarocains. Ould Souilem n'est ni le premier ni le dernier Sahraoui à rallier le Maroc. Mais combien de Sahraouis soutiennent l'option marocaine ? Le Maroc doit le savoir, c'est pourquoi il n'en fait pas cas et n'en parle pas parce que le nombre de transfuges sahraouis ne change rien à la donne sur le terrain. Les Sahraouis se battent pour leur indépendance aussi bien dans les territoires occupés qu'au Maroc, dans ses prisons. La répression qui s'abat sur les militants sahraouis n'a d'égal que le désarroi du palais royal face à la volonté des Sahraouis d'en découdre avec l'occupation. Au plan diplomatique, la cause sahraouie s'est élargie et est prise en charge par un puissant mouvement de solidarité et de soutien qui dérange Rabat et perturbe ses calculs. A ce titre, les calculs d'épicier ne sont payants ni pour les Marocains, ni pour les Sahraouis, ni pour le Maghreb. Seul un référendum d'autodétermination équitable, sous l'égide de l'ONU et des organisations indépendantes internationales, pourrait révéler d'un part qui est indépendantiste et qui ne l'est pas et mettre un terme à un conflit qui perdure, rendant la vie dure au peuple du Sahara occidental, provoquant une hémorragie dans le budget du Maroc et dont les populations marocaines ont cruellement besoin et hypothéquant le devenir de toute une région dont l'intégration est primordiale pour le développement du Maghreb. A. G.