L'idée des pouvoirs publics de créer des écoles préparatoires aux grandes écoles est une bonne chose en soi mais, pour reprendre l'interrogation d'un professeur de cet établissement, pourquoi lâcher la proie pour l'ombre quand il suffisait de créer une autre école ? La mort non annoncée de la prestigieuse école polytechnique est-elle le prélude de cette réforme qui a pour ambition de pousser vers le pôle d'excellence alors que cet établissement, qui est le symbole même de la grande école algérienne, risque d'être dilué dans une sauce préparée par on ne sait quel chef. Certes, on tente de nous rassurer quant à la pérennité de cette institution, mais on le voit bien, c'est en définitive une autre école qu'on va lui substituer. Est-ce encore la politique du secret qui, chez nous, entoure souvent des décisions qui concernent la collectivité, cette fois-ci la communauté des étudiants les plus méritants de demain, eux qui verront se fermer devant eux une porte d'accès à la réussite ? Ou est-ce une conséquence de cette réforme dont on a certes tracé les contours, mais dont les objectifs ne sont encore que peu cernés ? Pour les Algériens, Polytech reste, à côté de l'Epau, de l'ENA, de l'ENS, de l'ESC, ou encore de l'INH, un fleuron du système éducatif national, voire la fierté de l'école algérienne. Ce ne sont là que des abréviations absconses, mais qui rappellent pour tous l'université des belles années dont les étudiants de l'époque tiennent aujourd'hui les rênes du pays avec panache. En 40 ans d'existence, Polytech a formé 10 000 ingénieurs de qualité dont la majorité, aujourd'hui expatriée, a présenté 1 000 thèses de doctorat. Quelle école peut prétendre brandir une aussi belle carte de visite ? L'idée des pouvoirs publics de créer des écoles préparatoires aux grandes écoles est une bonne chose en soi mais, pour reprendre l'interrogation d'un professeur de cet établissement, pourquoi lâcher la proie pour l'ombre quand il suffisait de créer une autre école ? Autre question : pourquoi supprimer cette école et non pas celles citées plus haut qui sont du même calibre et qui demeurent, malgré la baisse du niveau général, des pôles d'excellence ? Les précisions que nous avons reçues de la direction de cette école et que nous publions sur cette page nous confortent et nous mettent à l'aise pour poser ces questionnements dont nous connaîtrons certainement les réponses dès la rentrée prochaine. En conclusion, pourquoi casser quelque chose qui existe, qui a formé des générations d'ingénieurs et qui peut encore en former d'autres quand on peut créer du nouveau avec les compétences qui seront appelées à la rescousse ? Par-dessus tout, l'Ecole polytechnique est un symbole et, comme pour tous les symboles, il est dangereux d'y toucher quand on ne peut pas faire mieux.