En plus du principal personnage de cette rocambolesque affaire, en l'occurrence A. Achour, laquelle n'a pas encore livré tous ses secrets, un ex-commissaire ainsi que l'ex-chef de sûreté de la wilaya de Tipasa sont impliqués. À l'heure où nous mettons sous presse, le procès de l'affaire opposant la BNA à Abderahmane Achour se déroulait encore. Il a débuté hier matin au tribunal criminel près la cour d'Alger et le verdict tombera au plus tard ce matin. Trois personnes étaient au banc des accusés. En plus du principal personnage de cette rocambolesque affaire, qui n'a toujours pas encore livré tous ses secrets, en l'occurrence A. Achour, il y avait un ex-commissaire Bessaï Hacène, ainsi que l'ex-chef de sûreté de la wilaya de Tipasa, Hachemi Zouaï. Ce dernier était en liberté provisoire depuis plusieurs semaines et a été arrêté le 10 juin dans la matinée à Annaba. Les principaux chefs d'inculpation sont : association de malfaiteurs, dilapidation et complicité de dilapidation de deniers publics et faux et usage de faux. Si l'affaire concerne le détournement évalué à plus de 32 milliards de dinars, le procès d'hier concernait essentiellement un “angle”, celui relatif au séjour de l'accusé principal au Maroc et le faux document établi en octobre 2004 par des officiers de police que Achour a reçu et avec lesquels il voulait se blanchir. La matinée a été surtout consacrée à la lecture de l'arrêt de renvoi par le greffier. À 15h10, le procès a repris avec la comparution devant le juge du premier accusé, Bessaï Hacène. L'ex-commissaire a essayé avec moult arguments de défendre sa cause en revenant à ce qui s'était passé le 7 octobre 2004. “Dès que je suis rentré à mon bureau, mon adjoint m'a informé que notre ex-chef de sûreté, qui venait d'être promu à Oran, m'a demandé d'envoyer par fax au cabinet de la DGSN illico presto une copie d'un rapport. Il s'agissait de celui que j'avais effectué sur Achour Abderahmane et que j'avais envoyé auparavant au procureur général”. Le juge et le procureur général se sont beaucoup attardés avec l'accusé sur la nature du rapport et surtout de la procédure d'envoi. À plusieurs reprises, Bessaï leur rétorquait qu'il ne faisait qu'obéir aux ordres. “Il s'agissait d'envoyer au cabinet de la DGSN qui est notre Mecque”. Harcelé par les questions, celui qui avait déclenché une enquête sur Achour suite à une lettre anonyme n'a pas hésité à lancer : “Je ne pouvais pas savoir qu'on avait des traîtres dans le service.” De son côté, son avocat, Me Bourayou, s'est attardé sur l'horaire et la date d'envoi du fameux fax. À 16h47, c'était au tour de l'ex-chef de sûreté de la wilaya de Tipasa (de 1999 à septembre 2004), Hachemi Zouaï. Allant dans le même sens que son “prédécesseur”, il a évoqué lui aussi “les ordres”. Pour “justifier” sa demande (en passant par l'adjoint au commissaire) du rapport il a déclaré que “celui qui m'a demandé ce rapport n'était pas uniquement le directeur de la clinique des Glycines, il est surtout directeur des études, nommé par décret tout de même, et également conseiller du directeur général de la Sûreté nationale”. Après Zouaï, ce devait être au tour de Achour Abderahmane de passer à la barre, ainsi qu'une dizaine de témoins qui étaient présents au tribunal. Néanmoins l'amère réalité est là : le procès d'hier ne devrait rien dévoiler sur les véritables aboutissants des 32 milliards que la BNA a perdus. Trop de zones d'ombre existent encore.