Les banques et particulièrement les banques publiques affichent depuis maintenant plus de cinq ans des surplus qui se chiffrent en milliards de dinars, ce qui fait dire à certains qu'elles croulent sous le poids des excédents de liquidités alors que d'un autre côté les entreprises font les frais des restrictions pour leur financement. Les entreprises qui subissent le plus ces contraintes sont évidemment les PME/PMI. L'argent qui est le nerf de la bataille économique ne fait apparemment pas défaut puisque pas moins de l'équivalent de 10 milliards de dollars au bas mot dorment dans les banques. Un argent qui n'est pas utilisé et donc pas investi. Les banques continuent de se cacher derrière le fait que le surplus de liquidités est la résultante d'une gestion saine et rigoureuse du risque. Les excédents de liquidités bancaires se présentent maintenant comme une donnée structurelle dans un contexte macro-économique très favorable. Cette situation des plus paradoxale pour un pays qui s'est inscrit dans l'investissement tout azimut ne finit pas de poser des interrogations sur la capacité des décideurs de l'économie à entrevoir des solutions pour sortir de cette impasse. Tous ceux qui se sont penchés sur la question du financement des entreprises révèlent la persistance d'une mésentente chronique entre les banques et les entreprises, particulièrement les PME-PMI. Les analystes argumentent en disant que dans le secteur industriel par exemple, la majorité des entreprises préfèrent s'autofinancer et rechignent à avoir recours au crédit bancaire non pas par dogme mais parce que l'accès est rendu difficile par manque de transparence. Cette situation s'explique entre autre par une gestion lourde peu efficace des dossiers de demande de crédits, l'absence de répondant en termes d'ingénierie financière et le coût des crédits, particulièrement élevés en raison des marges que s'octroient les banques. Ces dernières préfèrent, contre le prêt, offrir des facilités de découvert, moins risquées et plus juteuses. Les PME-PMI considèrent les banques comme des "banques-épicerie", qui se contentent d'avancer de l'argent, sans valeur ajoutée. Au lieu d'être un centre d'affaires, véritable partenaire du développement, la banque véhicule encore l'image d'un établissement de dépôt et de retrait. Compte tenu du rôle moteur que joue les PME dans la croissance économique et l'emploi, les questions relatives à leur financement revêtent une importance toute particulière. Les remèdes avancés jusqu'à présent n'ont pas fait prospérer le potentiel des PME /PMI malgré l'encadrement juridique mis en place. En théorie, ces entreprise peuvent aujourd'hui avoir recours à tout un arsenal de fonds de garanties et de lignes de crédit qui n'existait pas il y a une décennie. Une instrumentation fournie est venue du reste, compléter cette offre de financement, mais sur le terrain, les progrès attendus ne sont pas perceptibles. Les statistiques fournies par le Forum des chefs d'entreprises n'incitent pas à l'optimisme. Il reste donc beaucoup de travail à faire pour faire profiter les PME/PMI de la manne financière en sommeil. La Bourse est une alternative limitée aux seules grandes entreprises, et elle ignore le reste du tissu économique du pays, représenté par les PME -PMI. Ces entreprises, il convient de le souligner ne remplissent pas les critères d'éligibilité à la bourse. On ne rencontre que des Sarl et des Eurl. Quant aux banques, elles reprochent aux PME-PMI leur manque de transparence, notamment en ce qui concerne l'établissement des bilans et la fiabilité de leur comptabilité. D'autre part, les banques ne cessent d'avancer l'argument des créances en souffrance, même s'il s'agit en bonne partie de créances d'entreprises qui ont profité des multiples dysfonctionnements du système bancaire. La presse en rapporte au quotidien les faits et méfaits de ces failles. Maintenant, comment sortir de l'impasse ? Tout le monde s'accorde à dire qu'il n'existe pas de recette magique, mais toutes les parties sont appelées à fournir un effort. Les PME doivent se restructurer, se mettre à niveau et intégrer d'une manière réfléchie les concepts de la gestion propre à l'entreprise moderne. Les pouvoirs publics et les banques sont appelés, pour leurs parts, à se pencher plus sérieusement sur cette problématique des PME. Les excédents de liquidités doivent impérativement s'harmoniser avec les besoins de financement déclinés par ces entreprises, générateurs d'emplois et de valeur ajoutée. C'est un problème d'ingénierie financière et donc de ressources humaines de qualité dédiées à ces véritables vecteurs de la croissance. La mise en place d'une structure de financement pour accompagner les PME/PMI compte tenu de la spécificité des risques qui les caractérisent serait une première réponse. La simplification des conditions d'accès aux lignes de crédits bancaires et autres fonds accroîtrait leur potentiel. L'idée de créer une agence de notation pour les PME est en soi une bonne initiative si elle réussit par delà le " rating " à conférer à ces entreprises plus de transparence et surtout à " booster " la confiance rompue entre les banques et les petites et moyennes entreprises. Exercice difficile lorsqu'il s'agit de mesurer la fiabilité financière des entreprises en l'absence d'informations financières les concernent. Il importe de créer au préalable un environnement plus propice à la notation de ces entités. Et c'est là où la compétence de la ressource humaine doit retrouver sa place pour gérer ces milliards de dinars qui dorment.