Abordant la situation financière dans laquelle s'est embourbée la SNTF, M. Amar Tou a révélé que la masse salariale de cette entreprise est supérieure à son chiffre d'affaires, à tel point que les banques ont refusé de lui accorder des crédits. Le ministre des Transports, Amar Tou, qui a entamé, vendredi dernier, une visite de travail de deux jours à la wilaya de Sidi Bel-Abbès, a souligné en des termes crus l'état de dégradation dans lequel se trouve actuellement la SNTF, allant de la vétusté du matériel remorqué, notamment les locomotives dont 60% sont à l'arrêt, faute de pièces de rechange, à l'état des voies ferrées en perpétuelle dégradation, faute d'entretien. À ce sujet, il a déclaré : “Pour limiter les responsabilités, il faut dire franchement qu'on a négligé "le train" pour se consacrer à la route et la voiture. Résultat, on a tué les deux, la route et les rails. Même les gares sont délabrées et certaines ont été carrément détruites, comme c'est le cas dans la wilaya d'Aïn Témouchent.” “Donc, tous ce qu'on a demandé pour sauver l'entreprise nous a été accordé par les pouvoirs publics et, maintenant, la balle est dans le camp des responsables et des travailleurs qui sont appelés à relever le défi. Concernant l'effectif, le programme 2008-2013 verra la création de plus de 4 000 postes de travail à travers tout le réseau SNTF du pays. Vous constatez que lorsqu'il y a développement, on fait appel à la main-d'œuvre nationale”, a lancé le ministre des Transports pour souligner les efforts consentis par les pouvoirs publics dans ce secteur stratégique. Auparavant, Amar Tou s'est rendu aux ateliers de la SNTF où il a présidé une cérémonie de sortie de la première voiture profondément rénovée au niveau des ateliers de Sidi-Bel-Abbès. Sur place, le représentant du gouvernement s'est longuement exprimé sur l'importance de cet exploit dont il ne manquera pas d'afficher sa satisfaction, promettant que le meilleur reste à faire : “Avec nous, vous avez pu constater la qualité du travail et des voitures rénovées. En plus, le coût est quatre fois moins cher que le prix d'une voiture importée et de même qualité. Ainsi, le coût de rénovation d'une voiture de première classe s'élève à 44 millions de DA, 39 millions de DA pour celle de deuxième classe et 20 millions de DA pour une voiture de banlieue. Par contre, le prix d'une voiture neuve importée coûte entre 120 et 150 millions de DA. Actuellement, au sein des ateliers de Sidi Bel-Abbès, un programme de 40 voitures/an vient d'être lancé et nous projetons la rénovation de 7 wagons tous les deux mois et demi, soit 3 voitures de première classe et 4 de deuxième classe, pour alimenter le réseau national du chemin de fer. Ces voitures rénovées ont été acquises en 1985 et leur âge dépasse les 25 ans. Nous pensons que cet objectif est réalisable.” Lors de cette intervention, le ministre a également souligné qu'après cette étape de maintenance, la SNTF doit passer progressivement à une autre phase industrielle qui est le montage et la fabrication. “Nous espérons que nos techniciens et responsables auront la volonté d'aller au-delà de l'étape de maintenance qu'ils viennent d'entamer. La spécialisation des ateliers commencera à partir de Sidi Bel-Abbès et, actuellement, on est en contact avec les ateliers Ferrovial d'Annaba pour le montage des voitures du tramway.” Lors d'une halte au siège de l'ex-entreprise Spisme, actuellement en cours de liquidation et où devrait être installée la nouvelle entreprise publique de transport urbain, le ministre a saisi cette occasion pour annoncer la signature du décret portant création de cette entreprise, en ajoutant qu'il sera prévu, lors de la loi de finances complémentaire, une enveloppe pour l'achat de bus et a précisé que les bus sont financés sur concours temporaire et non définitif, pourvu que l'entreprise soit rentable. Pour ce qui est de la relance de l'activité de l'aéro-club de Sidi Bel-Abbès, le ministre a visité les anciennes installations de l'aérodrome qui vient de bénéficier de deux enveloppes, une de l'APW et l'autre du ministère de tutelle et ce, pour la rénovation du bâti et la construction du mur de clôture. Selon M. Benchemam, directeur central de l'aviation civile et de la météorologie, “la prise en charge de ce site pour une enveloppe de 19 millions de DA a été confiée à l'EGSA d'Oran et l'opération est actuellement au niveau de l'évaluation des offres. Pour l'instant, l'EGSA a reçu 148 offres et l'opération peut-être lancée, une fois l'évaluation et le choix de l'entreprise terminés. En plus, on a prévu dans le cadre de la réhabilitation un certain nombre de terrains pour Sidi Bel-Abbès dans le programme 2010-2014. Il concerne la réhabilitation d'un chemin de ronde, un mur de clôture avec éclairage périmétrique et la réhabilitation de la piste de décollage et d'atterrissage. Il nous reste le problème de protection de l'aérodrome des inondations qui est extrêmement important et pour lequel une digue est en cours de réalisation par les services de la direction de wilaya de l'hydraulique”. La visite du ministre s'est poursuivie par l'inspection du projet de la voie ferrée Tabia-Redjem-Demmouche, l'inauguration d'une nouvelle gare routière privée El-Ghalmi, sise au quartier Sidi-Djillali et l'inspection d'un chantier de réalisation d'une gare routière de type I. Cette infrastructure offrira un accueil adéquat aux voyageurs, permettra aussi une bonne gestion des moyens de transport existants et fera face à une demande de plus en plus croissante. Le deuxième jour de la visite, le ministre des Transports l'a consacré à la présentation, au niveau de l'auditorium de l'université Djillali-Liabès, du plan quinquennal de développement du secteur des transports, dont le projet du chemin de fer 2010-2014.