La compagnie nationale compte investir 1 milliard d'euros en 2009-2010. Air Algérie compte lancer un plan de développement évalué à plus de 100 milliards de DA au cours des années 2009 et 2010. Ce programme d'investissement, on ne peut mieux ambitieux, vise au moins une dizaine d'actions que la compagnie aérienne nationale envisage de concrétiser d'ici à la fin de l'année prochaine. Il est prévu ainsi l'achat de 7 avions de 150 places d'une valeur de 38 milliards, de 4 autres pour le transport régional de 70 places chacun, estimé à 9,5 milliards de DA, tandis que deux autres appareils, destinés à l'activité cargo d'un montant de 10 milliards de DA, viendront renforcer la flotte. Pour la filialisation de l'activité de catering et la modernisation de la maintenance, Air Algérie a réservé respectivement une somme de 4,5 milliards de DA et de 5 milliards de DA. D'une manière générale, le P-DG de l'entreprise, M. Wahid Bouabdallah, a eu le feu vert du Premier ministre pour entamer ce vaste chantier. Au cours d'un Conseil interministériel tenu le 5 juin dernier, le programme d'action a été, selon lui, globalement avalisé non sans un certain nombre d'observations et d'orientations. Le gouvernement demande, a indiqué M. Bouabdallah, au cours d'une conférence de presse qu'il a animée hier, que ces investissements s'inscrivent dans le cadre d'une vision nationale globale. L'accent a été mis par l'Exécutif sur le Sud qui ne doit pas être occulté. Outre le recouvrement des créances affichées à 3,6 milliards de DA, détenues par l'entreprise, le Premier ministère assure à Air Algérie un prêt sur le Fonds national d'investissement de 9,5 milliards de DA, étalé sur 15 ans avec 5 ans de différé et dont les taux d'intérêt sont pris en charge par l'Etat. Le ministère des Finances a été instruit dans ce sens pour mettre en œuvre toutes ces décisions. Mieux, la compagnie a été autorisée pour une augmentation de son capital. La recapitalisation de la société jusqu'à un montant de 28 milliards de DA a été, en effet, accordée par l'Etat. En outre, Air Algérie décide de filialiser ses deux activités liées au catering (service de restauration en vol) et cargo, jugées insuffisantes par le P-DG. Cette filialisation “opérationnelle”, préfère l'appeler M. Bouabdallah, se fera, précisera-t-il, en s'associant à des professionnels avérés. Pour réaliser ce grand projet, la direction a arrêté une stratégie qu'elle achèvera en deux principales phases. La première a trait à la consolidation des fondamentaux. Le P-DG d'Air Algérie semble plus au moins satisfait de la situation financière de sa compagnie qu'il juge “saine” à fin 2008. 6 millions de passagers transportés à l'horizon 2014 “La situation financière de l'entreprise est saine grâce à un endettement maîtrisé”, affirmera-t-il. Les résultats de l'exercice 2008 montrent un chiffre d'affaires de 54,4 milliards de DA, soit une hausse de 10% par rapport à 2007. Entre 2007 et 2008, les frais financiers ont été réduits de 21%. La dette de l'investissement a également baissé de 46 milliards de DA à 40 milliards de DA. Il est enregistré un bénéficie de 210 millions de DA en 2008. Sa trésorerie est passée de 33,6 milliards de DA en 2007 à 35,5 milliards de DA en augmentation de 1,9 milliard de DA. À cela, il y a lieu d'ajouter que le fonds de roulement couvre 242 jours du chiffre d'affaires. La deuxième phase concerne le développement en lui-même. Il est, de ce fait, prévu de rationnaliser la flotte car, selon Wahid Bouabdallah, celle-ci est hétérogène et les coûts d'exploitation demeurent trop élevés. Seul le modèle 737 a atteint le seuil de l'homogénéité. “Se doter en avions gros-porteurs s'est révélé antiéconomique”, avouera le premier responsable d'Air Algérie. La direction envisage de reconfigurer le réseau de la compagnie pour une meilleure utilisation des appareils. Cet objectif consiste, en fait, à faire de l'aéroport Houari-Boumediene un hub*. Ceux de Ghardaïa et Tamanrasset deviendront, en outre, des hubs intermédiaires. La compagnie s'intéresse, par ailleurs, à l'activité de handling (assistance aux avions dans les escales) pour accroître davantage la rentabilité. Ces diverses actions de développement et de modernisation ont pour but d'augmenter le nombre de passagers transportés par la compagnie nationale de 3,2 millions à 6 millions à l'horizon 2014. “Ceci est faisable si l'on développe encore plus les infrastructures hôtelières du pays”, arguera M. Bouabdallah. Néanmoins, ce riche programme d'investissement ne pourra pas cacher les contreperformances de l'entreprise qui a perdu 50% de parts sur le réseau France. Pour récupérer son espace sur ce marché, Air Algérie, précisera le P-DG, compte présenter une offre de fréquences mieux adaptées et un marketing mieux ciblé. Pour le réseau domestique, il est prévu la mise en place de navettes sur les liaisons Nord-Nord qui pourront capter les clients qui empruntent la route et le rail. M. Bouabdallah a également annoncé que son entreprise a proposé au P-DG de Sonatrach de prendre part dans le capital d'Air Algérie Technique (maintenance). Cette proposition, faut-il le souligner, a suscité l'intérêt de M. Meziane. Interrogé sur Tassili Airlines, le P-DG précisera que les rôles de chacune des deux compagnies doivent être désormais définis. “Il ne faut pas que Tassili bénéficie uniquement du transport des pétroliers à 100%”, nuancera-t-il. À travers cette déclaration, le patron d'Air Algérie veut que sa compagnie bénéficie aussi de parts de ce marché “juteux”.