La problématique du financement des investissements est toujours de mise pour la compagnie nationale de l'électricité et du gaz. La dynamique d'investissement engagée ces dernières années par Sonelgaz, même si elle a permis de réduire les contraintes qui pèsent sur le réseau, a eu un impact sur les résultats du groupe qui ont fortement baissé. Le bilan 2008 consolidé de Sonelgaz est certes équilibré, mais il reste toutefois critique puisque ce dernier fait état d'une baisse continue du résultat net de l'entreprise qui a atteint seulement 1,7 million de dinars. En outre, l'augmentation vertigineuse de ses créances a contribué à cette baisse puisqu'elles s'élèvent à plus de 40 milliards de dinars. Tandis que le manque à gagner s'élève à 20 milliards de dinars, 14 milliards pour l'électricité et 6,6 milliards pour le gaz. Si le chiffre d'affaires a augmenté de 9% à 137,5 milliards de dinars, le niveau des charges a, quant à lui, augmenté de 16% à 136,1 milliards de dinars. En 2008, les investissements du groupe se sont chiffrés à 205 milliards de dinars, financés à hauteur de 75,6 milliards par des emprunts bancaires, 35 milliards par des dotations de l'Etat, 30 milliards par des emprunts obligataires, 31 milliards par la contribution des clients et 32,7 milliards par recours à l'autofinancement. Ce dernier a sensiblement baissé par rapport à 2004 où il était à l'origine de 51% des investissements, alors qu'il ne représentait, en 2008, que 16%, mettant en évidence la difficulté du groupe à dégager des ressources. Sonelgaz doit encore investir 210 milliards de dinars pour la seule année 2009. Cette situation a fait qu'à l'occasion de la présentation du bilan 2008, le P-DG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, n'y est pas allé par quatre chemins pour affirmer que “la situation ne peut pas continuer ainsi”. Selon lui, “il n'y a pas de miracle, car nous ne pouvons pas continuer à réaliser des investissements qui représentent une fois et demie notre chiffre d'affaires”. Selon le premier responsable du groupe, trois scénarios sont envisagés pour trouver les financements nécessaires aux investissements de Sonelgaz. Soit par l'augmentation des tarifs d'électricité, ou l'augmentation du capital du groupe ou bien la reprise des dettes de l'entreprise par l'Etat. L'Etat pourrait opter pour une combinaison de ses trois solutions, c'est-à-dire répartir cette augmentation entre l'Etat, les clients et l'entreprise afin d'assurer la durabilité de l'activité du groupe, a suggéré M. Bouterfa. Le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil, n'a pas écarté, pour sa part, une recapitalisation de Sonelgaz, afin de permettre à l'entreprise de financer ses investissements. “L'alternative pour résoudre le problème de financement de l'entreprise est de compenser Sonelgaz à travers un apport de capital”, a estimé le ministre. En attendant que l'Autorité de régulation décide d'une éventuelle augmentation de tarifs, ou que l'Etat décide d'une recapitalisation de Sonelgaz, le groupe compte en 2009 lancer un nouvel emprunt obligataire destiné aux investisseurs institutionnels. D'un montant de 20 milliards de dinars, cet emprunt institutionnel, qui a déjà reçu le visa de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob), est le quatrième de Sonelgaz après ceux de 2004, 2005 et 2006 pour un montant total de 57,5 milliards de dinars. Sonelgaz a aussi levé des fonds par voie d'emprunts obligataires grand public en 2005 et 2008 pour un montant avoisinant les 40 milliards de dinars. Les ouvrages énergétiques étant très capitalistiques et leurs prévisions devant se faire à moyen et long terme, le groupe a trouvé, en l'absence d'augmentation des tarifs, des sources de financement dans les emprunts et les prêts bancaires grâce auxquels l'entreprise a réussi à lancer un important plan d'urgence pour ainsi renforcer le réseau de plus de 2 000 MW dès l'année 2009. Ce recours aux emprunts et prêts bancaires est, pour Sonelgaz, une manière de faire face aux besoins de financement de son plan de développement. Sonelgaz a, en effet, un programme d'investissement de plus de 3 000 milliards de dinars d'ici à 2019. Le groupe compte s'engager pour le développement de l'énergie solaire pour produire, à partir de 2014, plus de 4 MW d'énergie solaire voltaïque. Tout porte à croire donc qu'il y a une volonté affichée de voir Sonelgaz se développer, mais pour cela, il faut résoudre, au courant de cette année 2009, le problème du financement de l'entreprise, pour qu'en 2010 Sonelgaz puisse voir quelles sont les perspectives, d'autant qu'à partir de cette échéance, l'entreprise aura à honorer ses engagements quant aux remboursements des prêts et emprunts.