Photo : S. Zoheir Par Salah Benreguia Un vent de renouveau souffle sur Air Algérie. En effet, après des années passées à l'ombre d'un système totalement archaïque, la compagnie nationale du transport aérien espère fonctionner comme n'importe quelle compagnie au monde. Et les dernières mesures prises par l'Etat suscitent l'espoir chez les responsables, fonctionnaires, et même les clients de cette compagnie. Ne voulant visiblement pas laisser mourir ses principales entreprises activant dans tous les secteurs, les pouvoirs publics ont décidé, ces derniers temps, de venir au secours de certaines d'entre elles, tantôt en injectant plusieurs milliards de dinars pour leur redéploiement, tantôt en effaçant leurs dettes. Après avoir validé un plan de sauvetage au profit de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) et un planning d'effacement de dettes au profit de l'ENIE, le gouvernement envisage une restructuration de la compagnie publique Air Algérie, incapable de financer son propre plan de développement, en mettant de nouveau la main à la poche afin d'épauler financièrement une entreprise publique. Pour ce faire, le Conseil national d'investissement a examiné, le mois dernier, le plan d'investissement de la compagnie aérienne nationale. Air Algérie devrait bénéficier de plusieurs mesures afin de pouvoir renouveler sa flotte et améliorer ses prestations de services. Le P-DG de la compagnie aérienne algérienne, Abdelwahid Bouabdellah, a annoncé, sur les ondes de la radio nationale, qu'une enveloppe de l'ordre de 100 milliards de dinars, soit l'équivalent de 1 milliard d'euros, est accordée pour le plan de développement tous azimuts d'Air Algérie. Pour le premier responsable de cette compagnie, le montant débloqué par le gouvernement s'inscrit en droite ligne de la nouvelle politique de l'Etat visant à créer ou sauvegarder les grandes entreprises, et ce, afin d'en faire des champions de l'économie. «C'est l'aboutissement de la stratégie industrielle qui a pris en charge les préoccupations de la compagnie. Air Algérie est désormais considérée comme une entreprise stratégique au même titre que les champions de l'économie», a expliqué Abdelwahid Bouabdellah. Elaboré par le cabinet KPMG, ce plan d'investissement devrait permettre à la compagnie de reconquérir le ciel et d'améliorer ses prestations à l'horizon 2014. Les spécialistes en la matière indiquent qu'à la faveur de ce plan, Air Algérie pourra aisément enclencher l'opération de sa mise à niveau. Cette opération s'articulera, entre autres, sur plusieurs volets, notamment l'acquisition d'une nouvelle flotte. Cette opération «sera financée à travers un prêt à 2,5% d'intérêt sur 15 ans accordé par le Fonds national d'investissement [FNI]», selon Bouabdellah, pour qui cette compagnie devrait également bénéficier des taux d'intérêts préférentiels, être exemptée des impôts et bénéficier des avantages de l'Agence nationale de développement et d'investissement (ANDI). «L'Etat n'a pas à débourser. On doit compter sur nous-mêmes, sauf quand l'Etat décide d'augmenter le capital social de la compagnie. Nous avons demandé cette augmentation. Cela a été accepté. Il reste l'environnement de la compagnie, c'est-à-dire le développement des hubb. Cela relève des prérogatives de l'Etat. Le principe a été retenu. On va donc commencer par le hubb d'Alger et ceux intermédiaires à Ghardaïa et Tamanrasset», a ajouté le patron d'Air Algérie. Réalisation d'un nouveau siège et reconfiguration des lignes, l'autre priorité Que prévoit exactement le plan en question ? Selon un responsable de cette compagnie, ledit plan prévoit la réalisation d'une académie qui aura pour mission la formation des pilotes algériens, lesquels étaient jusque-là formés à l'étranger. Et c'est l'organisme américain Jeppesen, spécialisé dans la formation aéronautique, ajoute la même source, qui a été choisi pour sceller l'accord afin de s'assurer d'un label prestigieux pour ladite académie. «La formation initiale continuera à se faire dans des écoles françaises et anglaises, alors que la formation sur simulateur se fait auprès de différents prestataires, dont celui de l'ENPL [Ecole nationale des pilotes de ligne] au Maroc», ajoute-t-elle. L'autre volet concerné par ce plan est la maintenance. Le plan en question intègre également une transaction d'achat de nouveaux aéronefs, la modernisation des infrastructures de l'entreprise, l'amélioration de la gestion ainsi que la concrétisation de la filialisation du groupe. Air Algérie a déjà conclu un accord pour l'acquisition de plusieurs ATR. Une seconde offre est en cours d'évaluation et permettra d'acquérir le second lot de la nouvelle flotte prévue afin d'atteindre environ 13 aéronefs. Ce même plan prévoit, enfin, la réalisation d'un nouveau siège pour la compagnie, la reconfiguration du réseau avec le renforcement des fréquences et l'ouverture de nouvelles lignes. Il est utile d'indiquer que, pour l'exercice 2008, la compagnie nationale aérienne est passée à un résultat positif de 208 millions de dinars (2 millions d'euros). Les spécialistes en la matière, estiment par ailleurs que le gouvernement Ouyahia fait du soutien aux entreprises publiques une option stratégique. D'ailleurs, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements n'a cessé de rappeler depuis des mois que la politique de son département est d'«aller vers le choix de consolider les entreprises stratégiques de l'économie nationale afin d'en faire des championnes à l'avenir».