Le procès de “l'affaire de l'hôtel Djebel En-Naga”, qui a mis en émoi la paisible ville de Sidi Aïssa, située à 90 km du chef-lieu de la wilaya de M'sila et à 150 km d'Alger, les 6 et 7 août 2008, s'est ouvert hier matin devant le tribunal criminel près la cour de M'sila. Dix mois après les émeutes meurtrières qui ont causé la mort de quatre personnes, pas moins de 87 accusés, dont 10 en fuite, doivent répondre, selon l'arrêt de renvoi présenté hier au tribunal, de plusieurs chefs d'inculpation. Ils sont accusés d'homicide volontaire, tentative d'homicide, homicide volontaire avec préméditation, incendie volontaire, destruction des biens d'autrui, pillage, coups et blessures volontaires avec préméditation et perturbation sur la voie publique. Parmi les morts, au nombre de quatre, figurent trois manifestants. Il s'agit de Salah Saïd, né en 1975, tué par balle ; Kadi Sofiane, né en 1982, tué par balle et El-Gharbaoui Amar, né en 1970, tué par balle et, enfin, Belguenaoui Laribi dit El-Daoudi, né en 1946, patron de l'hôtel Djebel En-Naga. Dans le bilan de ces événements, on note pas moins de 63 blessés, dont 8 jeunes filles et plus d'une vingtaine de véhicules incendiés. En outre, le nombre de victimes de coups, de blessures, d'agression à arme blanche ou de vol est de 31 personnes durant cette nuit du 6 au 7 août 2008. Une soixantaine d'avocats devra assurer la défense des accusés. Rappelons que ces événements ont éclaté à la suite de la mort de Arbaoui Saâd, dit Bariasse, âgé de 51 ans. Cette victime avait eu une altercation, nous dit-on, avec le fils du propriétaire de l'établissement hôtelier Djebel En-Naga. Ce dernier a fauché avec sa voiture la victime en question. Cet incident a été le catalyseur des émeutes cette nuit du 6 août. En effet, au retour des funérailles d'Arbaoui Saâd dit Bariasse, la population locale a considéré sa mort comme un acte de hogra, d'autant que le fils du propriétaire de l'hôtel aurait bénéficié d'une certaine impunité et qu'aucune mesure n'aurait été prise contre lui. Une foule nombreuse, notamment des jeunes, s'est rassemblée alors devant l'entrée de l'hôtel En-Naga pour exprimer sa colère. La réaction des vigiles de l'établissement a été expéditive. Ils ont utilisé leurs armes à feu pour tirer sur la foule, causant la mort de trois émeutiers. La colère est montée alors d'un cran. Les émeutiers eurent le courage de rentrer dans l'hôtel. Une fois à l'intérieur, c'est la panique générale. Le personnel, les clients et les gérants tentent de résister à la foule, mais le nombre et la colère des citoyens étaient plus forts que les portails blindés et les fusils à pompe. Les manifestants s'en sont pris à tout. Rien n'a été épargné. Avant de mettre le feu à l'hôtel, les manifestants ont tout cassé ou pillé. Ils ont mis le feu à l'édifice. Le propriétaire n'a pas échappé à la colère des manifestants. Ce dernier traîné sur plus de 300 mètres a été grièvement tabassé jusqu'il a rendu l'âme sous le déluge de pierres vers 22 heures.