Les Ziani-Bouguerra de la diversification Le trophée du WTCA, qui a désigné les champions de l'exportation hors hydrocarbures pour l'année 2009, a montré que l'Algérie dispose de réelles potentialités. Pour la première fois, une société privée algérienne, une filiale de Cevital MFG, prend pied sur les marchés français, italien et espagnol en y plaçant d'importantes quantités de verre. D'autres également ont conquis des marchés au Maghreb et en Afrique comme Fruital et Vénus. Ces entreprises sont les pionnières de la diversification de l'économie nationale, trop dépendantes des recettes hydrocarbures, en dépit de maintes embûches dressées ici et là sur les chemins de l'exportation hors hydrocarbures. Elles montrent la voie. Il suffit d'y croire, d'être tenace : le made in Algeria est exportable, pour peu que les règles de qualité, de normes soient respectées. Mais ces quelques hirondelles ne font pas encore le printemps. Les 800 exportateurs, contre des dizaines de milliers d'importateurs que compte le pays, font face à de multiples entraves qui découragent l'acte d'exporter : les insuffisances des ports algériens, l'absence de véritables soutiens de l'Etat aux entreprises à potentiel exportation, une bureaucratie tentaculaire, le risque de change, l'accompagnement bancaire. Face à tant de discours officiels sur la nécessité de la diversification de l'économie, peu d'actions publiques sont enregistrées en matière de promotion des exportations hors hydrocarbures. La mise en œuvre de la stratégie industrielle traîne le pas. Alors qu'elle est le facteur catalyseur d'un développement significatif des exportations hors hydrocarbures par l'émergence de champions publics et privés comme Asmidal, Ferphos, Saidal, Cevital. Il semble donc que la mentalité dominante de négoce parasite l'élan vers une diversification de l'économie nationale. Mais jusqu'à quand pourra-t-on freiner l'expansion de sociétés à fort potentiel exportation, voire la consommation d'excellents produits made in Algeria, au profit de produits importés de qualité douteuse ! La crédibilité de l'Etat est finalement en jeu dans cette bataille entre patriotisme fécond et cercles d'intérêts étroits, quand on sait que l'avenir des Algériens dépend des progrès en matière de diversification économique.