Les organisateurs d'une marche interdite de protestation prévue hier à Téhéran ont renoncé à braver une interdiction des autorités qui ont averti qu'elles réprimeraient fermement toute manifestation contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad. Le chef du mouvement de la contestation, Mir Hussein Moussavi, devait de son côté faire une adresse imminente au peuple iranien alors que la République islamique vit un moment crucial après une semaine de contestation sans précédent. L'Association iranienne des religieux combattants, qui voulait organiser une nouvelle grande manifestation au centre de la capitale dans l'après-midi, a dit qu'"en absence d'autorisation, il n'y a pas de manifestation", selon un communiqué de l'association fondée par l'ex-président réformateur Mohammad Khatami. Le ministère de l'Intérieur et la police ont souligné que toute manifestation était interdite dans l'ensemble du pays et averti que les autorités feraient respecter l'interdiction. "Des rumeurs sont actuellement diffusées par des groupes politiques selon lesquelles une autorisation a été accordée pour une manifestation. Nous informons tout le monde qu'aucune autorisation n'a été délivrée pour des rassemblements et des manifestations à travers le pays", a dit le ministère. La police a de son côté averti que tous les organisateurs de manifestations illégales seraient arrêtés et poursuivis en justice. "Nous soulignons que la police agira avec détermination contre toute manifestation et protestation illégales", a déclaré Ahmad Reza Radan, chef adjoint de la police à la télévision d'Etat. Le chef de la police Ahmadi Moghadam a en particulier averti par lettre M. Moussavi que toute manifestation serait "fermement réprimée", a rapporté l'agence Isna. Mais M. Moussavi devait adresser en milieu d'après-midi un "communiqué important au peuple iranien", selon le site internet de son journal Kalemeh. Téhéran et d'autres villes sont depuis une semaine le théâtre de protestations massives contre la réélection du président Ahmadinejad dans un scrutin dont M. Moussavi en particulier demande l'annulation pour fraude. Mais dans sa première intervention publique depuis le début de la crise, le guide suprême de l'Iran Ali Khamenei a confirmé vendredi la victoire du dirigeant ultraconservateur en écartant la possibilité de toute fraude massive et exigé la fin de toute manifestation. Il a mis en garde les responsables du mouvement qu'ils seraient tenus responsables de toute violence et averti qu'il "ne céderait pas à la rue". Deux des trois perdants du scrutin du 12 juin, M. Moussavi, un conservateur modéré, et le réformateur Mehdi Karoubi ne se sont pas rendus hier à une réunion prévue avec le Conseil des gardiens, chargé de valider le scrutin et d'examiner leurs plaintes. Seul le conservateur Mohsen Rezaï y a participé, selon une source au Conseil citée par l'agence Ilna. Le Conseil s'est dit prêt à recompter les voix dans 10% des urnes prises "au hasard" sur l'ensemble du pays, en présence des candidats, selon son porte-parole.