On sait maintenant pourquoi on le surnomme Cheikh, et c'est pas pour rien. Avec un véritable sans-faute à l'issue de cette phase aller des éliminatoires combinées de la CAN-Mondial-2010 et trois points ô combien précieux ramenés de ce lointain Chililabombwe, Saâdane a réussi un coup de maître en plaçant l'Algérie à la première place de son groupe. Désormais, l'espoir est permis et c'est de cela exactement que l'Algérie qui gagne avait grandement besoin. Elle avait besoin d'un homme comme Rabah Saâdane à la tête de la barre technique pour mettre le wagon de l'EN sur les bons rails. “Prendre seul la tête du classement ne m'a jamais effleuré l'esprit” Quelques heures après la victoire face à la Zambie, l'envoyé spécial de Liberté s'est rapproché une nouvelle fois de l'entraîneur Rabah Saâdane pour une discussion plus approfondie. Sans ambages et loin de toute langue de bois, le Cheikh a brossé un tableau sur cette première phase éliminatoire ayant pris fin hier sur une très belle note de l'équipe nationale. “Terminer premier du groupe à l'issue de la phase aller relevait du miracle dans la mesure où personne n'attendait un tel exploit. C'était vraiment inespéré de voir l'EN achever la première phase des éliminatoires première du groupe. Même moi, je ne m'attendais pas à un tel scénario, car ce n'est pas du tout facile de rivaliser avec des sélections de la trempe de l'Egypte. Nous l'avons pourtant fait et le mérite revient aux joueurs, au staff et aux dirigeants de la FAF. Pourvu que ça dure”, nous a déclaré Rabah Saâdane avec un large sourire. “Vous savez, cela fait plus d'une année qu'on travaille ensemble. Nous n'avons négligé aucun détail pour aborder dans les meilleures conditions la dernière phase éliminatoire de la CAN et du Mondial. Le secret de la réussite actuelle de l'équipe nationale réside dans le travail, la rigueur, la passion et l'amour de la patrie. Les mentalités ont changé au sein d'un groupe soudé et qui ambitionne de réaliser quelque chose de fabuleux à la fin du parcours. Ce sont ces paramètres qui ont permis à la sélection nationale de retrouver son identité, son jeu et ses supporters”, ajoute Saâdane qui, du reste, s'est dit très surpris, mais pas mécontent de voir l'EN accomplir autant de progrès. “À un moment donné, je ne voyais pas l'Algérie partir au Mondial, mais, aujourd'hui, je peux vous dire qu'on pourra atteindre cet objectif. Je ne vous cache pas que j'étais très surpris de voir le groupe faire autant de progrès, ce n'est pas encore la perfection, mais l'équipe a mûri, grandi et elle est en mesure de rivaliser avec n'importe quel adversaire”, poursuit-il. Revenant sur le match face à la Zambie, le sélectionneur national dit : “Il faut le reconnaître, nous avons eu affaire à un adversaire très coriace qui sait jouer au ballon. La Zambie est une équipe qui puise son jeu dans le collectif. Je savais qu'on allait rencontrer des difficultés, mais je savais qu'il y avait un bon coup à jouer.” Et d'ajouter : “J'ai demandé aux joueurs de ne pas se précipiter et surtout d'éviter de commettre des erreurs inutiles à l'approche de nos buts. J'ai aussi demandé aux attaquants d'amorcer des assauts rapides sans toutefois oublier de revenir d'un cran pour prêter main-forte aux récupérateurs. Ma formule a fonctionné comme sur des roulettes et je suis très ravi d'avoir accompli de tels résultats. En tout cas, les deux stages organisés à Toulon et en Afrique du Sud ont porté leurs fruits. Vraiment, cela nous a permis d'améliorer certains aspects, notamment sur le plan de la construction et de la récupération.” “J'ai dit aux joueurs de faire plaisir au peuple” Rabah Saâdane est le dernier entraîneur à avoir qualifié la sélection nationale à la Coupe du monde. C'était en 1986 au Mexique. Et depuis cette année-là, l'Algérie n'a plus goûté à la saveur de cet évènement planétaire. 2010 sera peut-être la bonne date pour les Fennecs, avides de revenir au-devant de la scène internationale. Pour Rabah Saâdane, le ticket qualificatif n'est pas encore acquis car, mathématiquement, tout reste jouable. “Il faut garder les pieds sur terre car même si nous avons pris une sérieuse option pour la qualification au Mondial, cela ne veut pas dire qu'on va se tourner les pouces. Non, l'Egypte est en mesure de revenir dans la course. C'est pour cela que nous devons rester vigilants et nous concentrer sur la suite du parcours. Il reste encore trois matches et nous allons faire notre possible afin d'engranger le maximum de points possibles”, indique notre interlocuteur qui a tenu un discours patriotique à ses joueurs avant cette rencontre. “J'ai dit aux joueurs que tout un peuple est derrière vous et qu'il ne faut surtout pas le décevoir. Le peuple algérien mérite qu'on lui procure des moments de joie et de bonheur. Vous avez vu comment ils ont fêté le succès contre l'Egypte ?” “Désormais, l'Egypte n'est plus favorite” Depuis que l'Egypte est devenue l'adversaire de l'EN dans cette joute éliminatoire, le coach des Verts n'a pas cessé de crier sur tous les toits que l'Egypte est le favori du tournoi. Saâdane maintient-il cet avis après la brillante victoire contre la Zambie ? “Sincèrement, non. L'Egypte n'est plus le favori en puissance de ce groupe. Bien qu'ils aient un match en retard, les Egyptiens ont un calendrier un peu difficile à gérer. Je sais qu'ils ont les moyens de faire un sans-faute, mais l'Algérie est dans une bonne posture pour la course à la première place qualificative à la phase finale de la Coupe du monde”, martèle-t-il. Et d'ajouter : “Nous avons la chance d'accueillir la Zambie et le Rwanda lors des deux prochains matches, ce sera l'occasion pour nous d'améliorer notre capital points et en même temps tuer la course. C'est dire que les champions d'Afrique n'ont pas leur destin entre les mains.” “La page Lacen est tournée” Abordant le sujet lié aux joueurs binationaux, à l'image de Yebda, Abdoun et Megheni, Saâdane révèle que leur qualification en équipe nationale prendra au moins deux mois. “L'équipe nationale a besoin de toutes ses armes pour aborder les prochaines échéances dans de bonnes conditions. Dites-moi si vous connaissez un sélectionneur qui ne veut pas avoir les meilleurs joueurs dans son équipe. C'est pour vous dire que les portes seront ouvertes à tous. En tout cas, le président de la FAF, M. Mohamed Raouraoua, s'occupe personnellement du dossier. N'oubliez pas que c'est sur sa demande que la Fifa a annulé l'ancienne loi. Il faut savoir toutefois qu'avant de les appeler, je vais me réunir avec les cadres de l'équipe afin de connaître leur avis sur le sujet. À mon avis, cela ne sert absolument à rien de faire appel à des éléments de valeur pour connaître des problèmes avec le groupe. Je ne veux pas qu'ils rencontrent le moindre souci. C'est pour ça que je veux mettre les choses au clair. N'empêche que je suis persuadé qu'ils se sentiront à l'aise parmi nous”, dit Saâdane qui révèle, par ailleurs, que la page de Mehdi Lacen est définitivement tournée. “Chaque joueur est libre de faire ce que bon lui semble. Nous avons essayé de le joindre afin de connaître sa position vis-à-vis de l'équipe nationale, en vain. Je pense qu'il est temps de tourner la page de Mehdi Lacen. De toute façon, nous allons continuer à prospecter dans l'espoir de tomber sur des valeurs sûres”, conclut-il.