La défense a été hier encore plus percutante que la veille dans ce procès de la BNA qui tire à sa fin. Utilisant les failles du dossier, que d'ailleurs plus d'un avait notées depuis le début du procès, les avocats des accusés, qui se sont relayés tout au long de la journée, ont sans aucun doute “touché” à ce qu'ils ont souvent appelé incohérences. Que ce soit Me Sellini, Me Ksentini ou encore Me Laceb, tous ont essayé de remettre en cause la base même avec laquelle l'instruction a été menée. Ils ont essayé de faire un parallèle avec d'autres affaires qui ont défrayé la chronique, tout en s'attaquant au réquisitoire du procureur général ainsi qu'à la fameuse expertise judiciaire tant décriée par la défense. La matinée Me Sellini, avocat de Settouf Djamel (beau-frère de Abderahmane Achour) est revenu sur l'origine du “concept” d'association de malfaiteurs dont il récuse l'existence dans ce procès. Le bâtonnier d'Alger est longuement revenu sur les procès de Hadj Bettou, ainsi que celui de la BCIA pour essayer de faire un parallèle avec le “sujet” du jour. D'ailleurs, il lança à la fin de son intervention : “Pourquoi dans les autres affaires, on a utilisé une logique correctionnelle et dans cette affaire on a une logique criminelle ?” La séance de l'après-midi a repris à 15h10 avec les plaidoiries des avocats de l'accusé principal, en l'occurrence Abderahmane Achour. Prenant la parole en premier (Achour a cinq avocats pour ce procès), Me Ksentini a commencé par fustiger la presse qui, selon lui, “parfois ne respecte pas les limites du dossier” et “peut influencer les juges qui se présenteront après au tribunal avec des idées reçues”. Mis à part cette “incartade”, le président de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNPPDH) s'est tout de même bien “débrouillé” en soulevant bien plus que des incohérences. Il a commencé par revenir sur le chef d'inculpation retenu contre son client. Il a ainsi rejeté l'ajout au dossier d'extradition du Maroc l'accusation d'association de malfaiteurs qui n'y était pas mentionnée. “C'est contraire à la convention signée entre les deux pays en 1963 et ratifiée en 1969”. Il a insisté sur le fait que “les dispositions des conventions internationales sont supérieures à la loi interne”, avant d'affirmer face au juge que “l'honneur de la justice est de reconnaître ses erreurs”. Autre point important sur lequel Me Ksentini s'est penché était l'existence ou non des sociétés de Achour. “Ce ne sont pas des entreprises fictives, mais au contraire bien rentables”, a-t-il soutenu, en avançant comme argument “les impôts, alors que mon client est en prison, ils viennent de lui demander plus de 6 000 milliards de centimes sur les cinq dernières années. C'est une somme qui ne pouvait être calculée que sur la base des activités de ses sociétés non !” De son côté, Me Laceb est revenu sur la fuite de Achour vers le Maroc en 2005. L'avocat a ainsi soulevé un point que personne, même l'accusé lors de sa comparution, n'a mis en évidence, et ce, depuis le début du procès. “Mon client a quitté l'Algérie le 5 février 2005 alors que l'affaire de la BNA a éclaté en octobre, soit 8 mois après. Lorsqu'il a quitté le pays, il n'avait rien à se reprocher sinon il aurait organisé dans d'autres conditions son départ”. Le procès se poursuivra aujourd'hui et le verdict devrait tomber, normalement, soit ce soir, soit samedi.