Seconde partie du procès BNA-Achour sur le détournement de 3 200 milliards de centimes au sein de plusieurs agences, dont la seule succursale de Bouzaréah a englouti 2 100 milliards, selon l'expertise. Les audiences, entamées mardi, se sont poursuivies tout au long de la journée d'hier au tribunal correctionnel de Sidi-M'hamed. Les journées des 14 et 15 juin étaient consacrées à la relation d'officiers de la DGSN avec cette affaire avec au bout la condamnation du principal accusé, Abderrahmane Achour, à 4 ans de prison ferme, ainsi que d'un ex-commissaire qui, lui, a écopé de 4 ans avec sursis. Si la première journée, mardi, a été consacrée essentiellement à la lecture par le greffier de l'arrêt de renvoi (de 83 pages), hier c'était au tour des accusés de passer à la barre. Quatre parmi les douze présents dans le box ont ainsi comparu devant le juge. Précisons que pour cette affaire révélée au grand jour vers la fin 2005, 14 personnes ont été mises sous mandat de dépôt, 15 sont en liberté et trois en fuite, soit au total 32 individus. Le premier accusé à comparaître était le chauffeur de Abderahmane Achour, Mouaici Mustapha. Près d'une heure et demie il a notamment été “harcelé” par le juge et les avocats de la partie civile (la BNA) sur son rôle, entre autres, dans le transport des traites bancaires. À 11h20, c'était au tour de l'ex-directrice adjointe de l'agence de la BNA à Bouzaréah (sur les hauteurs d'Alger), Mezaghnani Akila, de passer à la barre. Sa comparution était surtout pour expliquer son rôle lorsqu'elle avait pris l'intérim du directeur (en fuite) dans l'argent dont bénéficiait Achour via l'entreprise appartenant à ce dernier, à savoir National Plus. Comme l'a répété à plusieurs reprises le président de la séance, M. Belkherchi, il s'agissait de savoir comment cette agence a pu perdre 2 100 milliards de centimes. Après une pause de plus d'une heure, le procès a repris à 14h50. Cette fois, c'était au tour de Medjadji Omar, chef de section de l'agence de Bouzaréah. Sur sa relation avec Achour, il a précisé qu'il venait “une à deux fois” par semaine pour déposer les chèques. “Lorsque le directeur de l'agence était en poste, Achour venait personnellement mais depuis que l'autre s'est enfui, ce sont ses employés qui venaient chez nous”. Assailli par les questions du juge, du procureur général et des avocats de la partie civile, le chef de section répétait sans cesse : “Je ne suis qu'un exécutant. J'obéis aux instructions de mes responsables.” À cela le président de la cour lui rétorquait sévèrement : “Vous voyez où vous ont emmené ces instructions.” Tout en lui lançant : “Tu exécutais des ordres illégaux.” D'ailleurs, alors que l'accusé continuait à “défendre” sa cause, M. Belkherchi lâchait avec dépit : “Pauvre argent public”. Au moment où nous mettons sous presse, la secrétaire personnelle de Achour devait comparaître devant le juge. Les autres devront passer aujourd'hui et durant les prochains jours. Pour l'organisation des plaidoiries, les avocats s'étaient réunis avec le juge lors de la seconde suspension de séance vers 16h10. Après une réunion qui a duré quelques minutes, les deux parties se sont mises d'accord pour qu'il y ait en moyenne quatre accusés à la barre quotidiennement. C'est dire que le procès va s'étendre sur plusieurs journées. Certains avocats parlent d'une semaine, d'autres carrément d'une vingtaine de jours. Le parallèle avec le procès de Khelifa a été d'ores et déjà fait par les personnes présentes au tribunal. Il est vrai qu'au fur et à mesure que se poursuivent les débats, des révélations de détournements de plus en plus importants sont rendues publiques. Ce qui ne peut que nous rappeler l'épisode du procès de Blida. Espérons que le parallèle s'arrêtera là.