Avec 1 200 km de côte linéaire (soit près de 1 450 km en côtes géographiques), l'Algérie dispose d'un front maritime conséquent sur la Méditerranée. Si les 31 ports qui jalonnent cette côte semblent représenter un nombre important, la réalité a vite fait de chasser l'illusion. Ces 31 structures portuaires comptent les ports de plaisance et de pêche, les ports dédiés presque exclusivement aux hydrocarbures et les ports mixtes englobant les activités de commerce et de pêche. On peut comptabiliser d'Ouest en Est en tant que ports importants, Ghazaouet, Oran, Arzew, Mostaganem, Ténès, Cherchell, Alger, Dellys, Béjaïa, Jijel, Skikda et Annaba. Soit en forçant, une douzaine de ports destinés au commerce et à la pêche. En gros, à l'Ouest, il existe trois ports importants : Oran, Arzew et Mostaganem ; au Centre : Alger (et peut-être Béjaïa) et, enfin, à l'Est : Jijel, Skikda et Annaba. Du coup, le port d'Alger, avec sa position centrale au sein d'une zone de peuplement d'une extrême densité et de grands besoins en équipements et denrées de toutes sortes, avec les infrastructures et équipements existants relativement importants, devient essentiel dans les échanges d'exportation et d'importation. C'est pour cela qu'il se classe en tant que premier port commercial d'Algérie avec ses trois bassins (vieux port, Agha et Mustapha). Globalement, le trafic de marchandises ne cesse de croître depuis une dizaine d'années, entre 1997 et 2008, avec 2 260 navires opérants ou en relâche en 1997, pour 2 781 navires en 2008. Le trafic de marchandises pris entre 2007 et 2008 a aussi progressé de 9,69%, avec un total de 11,241 millions de tonnes pour 2007 et 12,331 millions de tonnes pour 2008. Les marchandises débarquées s'octroient la part du lion avec 83% en 2008 (contre 82% en 2007). Elles sont constituées essentiellement de céréales, d'hydrocarbures et de marchandises générales, principalement des conteneurs. Les responsables de l'Entreprise du port d'Alger (Epal) affichent des prévisions de 20 millions de tonnes de trafic pour l'horizon 2015, dont 10 millions de tonnes de conteneurisées. Le problème de tous les ports réside dans la saturation, elle-même provoquée par la lenteur de l'enlèvement des marchandises (lenteur qui interpelle tous les services concernés : douanes, contrôle aux frontières, déclarants en douane, manutention, débarquement ou embarquement des marchandises, transport, ports à sec, voies d'accès et d'évacuation par terre et voie ferrée). À ce titre, il semble que la remise en état du réseau de la voie ferrée entourant le port soit sérieusement envisagée. La conteneurisation des marchandises a fait faire un important bond sensible au transport maritime. En effet, le conteneur permet de transborder des marchandises préalablement conditionnées au départ du port d'embarquement afin de faciliter leur transport sans trop de perte ou de dommages. Or, le port d'Alger, comme du reste les autres ports algériens, n'a pas suivi. Le seul terminal à conteneurs a été obtenu après qu'un bassin eut été comblé à moitié. Sa contenance moyenne serait de 3 000 boîtes (conteneurs), une performance assez modeste lorsqu'on sait qu'il existe des navires capables de transporter entre 9 000 et 15 000 conteneurs. Le terminal à conteneurs prévu aux Sablettes, afin de porter secours à celui qui existe actuellement au port d'Alger, a été remplacé par une station géante de dessalement d'eau de mer. Résultat : plusieurs ports à sec ont été créés, sans que la tension sur la zone portuaire d'Alger ait l'air de baisser significativement. Malgré quelques résistances syndicales l'entreprise Dubaï Ports World a pris en charge la gestion du terminal à conteneurs du port d'Alger. De ce point de vue, il serait utile de noter que le port de Tanger a annoncé haut et fort son intention de devenir en Méditerranée numéro 1 dans le transport par conteneurs, dans les plus proches délais. Le problème primordial demeure, selon les responsables du port, l'environnement du réseau routes et voies ferrées à développer, afin d'éviter l'engorgement et les délais à quai ou en surestaries qui coûtent les yeux de la tête. Les équipements aussi interviennent pour une grande part dans les performances d'un port, ainsi d'ailleurs que la compétence et la motivation du personnel. L'Epal compte d'ailleurs acquérir des équipements devenus indispensables pour mettre à niveau les performances du port qu'elle gère : remorqueurs de haute mer, remorqueurs portuaires, deux grues automotrices ont été acquises courant 2008, alors que des aménagements importants ont été programmés. Coût total du programme d'investissement neuf, environ 2 milliards de DA. Le programme d'entretien et d'assainissement représente un montant global de 754,4 millions de DA, alors que le montant global des contrats d'acquisition s'élève à 327,6 millions de DA. À ce titre, il faudra signaler que le tirant d'eau du port d'Alger devient de plus en plus faible à la suite de l'envasement de la plupart des bassins. À titre d'exemple, un céréalier de 60 000 tonnes ne pourra pas charger au-delà de 45 000 tonnes. Des efforts louables sont réalisés par les gestionnaires du port d'Alger, qui sont malgré tout limités par la configuration même des installations et de la géographie. Ainsi le port d'Alger assure le travail de nuit, les vendredis et jours fériés sur commande des clients, avec des ristournes aux plus fidèles clients du port. Depuis quelque temps déjà, on est revenu au fameux régime continu connu des anciens dockers, celui du shift et double shift (matin et soir), ce qui ne peut être que bénéfique pour la réputation de l'entreprise portuaire et ses employés. Le trafic passagers demeure le parent pauvre en l'absence d'une gare maritime digne de ce nom. En effet, en 2007 et 2008, le total des passagers embarqués et débarqués s'élève respectivement à 373 538 (2007) et 287 602 (2008), soit une baisse de plus de 23%. Des performance à mettre sur le compte du peu de cas qui est fait des voyageurs, en l'absence d'une gare maritime digne de ce nom et des longues files d'attente qui en découlent. Même le trafic véhicules-passagers est en baisse selon les chiffres 2007 et 2008, passant de près de 120 000 auto-passagers pour 2007 à un peu plus de 99 000. Un manque à gagner pour tout le monde : port et compagnie de navigation maritime, bénéficiant aux compagnies d'aviation plus offensives ces dernières années.