Être invité par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour une communication portant sur l'autorégulation de la presse avait de quoi surprendre. Finalement, le besoin, voire la sollicitation avaient été introduits par les pays partenaires de cette organisation, expressément par l'Egypte, et dont l'Algérie fait partie. L'OSCE, née des cendres du pacte de Varsovie, compte 56 membres et 11 pays partenaires. Après la chute du mur de Berlin, les missions ont été revues et mises à la page dont le blanchiment d'argent, la traite des personnes, les droits de l'Homme et bien sûr la liberté d'expression. C'est sur ce dernier point que les pays partenaires ont interpellé l'organisation quand il y a eu les caricatures danoises et un peu plus tard le blocus imposé par les Israéliens sur le massacre perpétré des habitants de Gaza. Un séminaire a donc été organisé le 19 juin dernier dans un bâtiment mitoyen du célèbre château de la princesse Sissi, au cœur de la vieille ville de Vienne. Pas moins de 13 pays ont répondu à l'invitation dont l'Egypte, venue en force, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie, Israël, la Turquie avec le président de l'Association des médiateurs, Véronique Maurus, médiatrice du quotidien Le Monde, et l'Algérie avec un haut fonctionnaire du secrétariat d'état à la Communication et une journaliste, membre du SNJ. Cette rencontre de haut niveau a permis aux participants de s'imprégner de ce qui se fait ailleurs en matière d'autorégulation dans la presse. Il semblerait que la Hongrie soit le pays qui ait été aussi loin que possible dans la protection du journaliste, mais aussi du citoyen avec un conseil de la presse qui comprend en son sein les représentants des journalistes, des éditeurs, mais aussi des personnes de la société civile. Le cas de l'Allemagne reste européaniste et trop rigide, mais dont le fonctionnement s'est vite trouvé ébranlé avec l'apparition du terrorisme. Le secret de la source a été vite mis à mal par les institutions judiciaires. Tous les pays présents ont exposé les instruments d'autorégulation qui régissent la profession y compris le rôle des médiateurs, ces pompiers au premier degré qui s'échinent à ne pas arriver devant les tribunaux. Avec cette prise en charge par les professionnels, uniquement les professionnels, de la gestion de leur activité, qui commence par l'élaboration et l'approbation d'une charte d'éthique et de déontologie par les journalistes et les éditeurs, peu de procès arrivent devant les tribunaux, surtout si des médiateurs se mettent de la partie. En Algérie, le Conseil supérieur de l'information avait donné cet espoir avec sa création en 1990, conformément à l'article 59 de la loi sur l'information (avril 1990). Mais né au mauvais moment, il a été vite dissous en 1993, parce que vite bureaucratisé et débordé de toutes parts par des pressions idéologiques. Le Président a promis de revoir la loi. C'est bien, mais il faut faire vite car on est les derniers de la classe. Quand on se compare, on se désole.