“Créer un pont entre l'université et l'entreprise.” La 3e édition du forum L'université et le monde productif, qui s'est tenue du 29 juin au 2 juillet au campus Aboudaou, veut se saisir de cette notion cruciale. Tout démarre d'un constat : l'Université algérienne souffre d'un déficit d'image, une large part des formations qui y sont délivrées étant jugées trop académiques et/ou trop éloignées des besoins des entreprises. Comment faire pour que l'université ne produise plus une majorité de chômeurs ? Les petites entreprises constituent, faut-il le rappeler, l'essentiel du tissu entrepreneurial local — un tissu qui a besoin de monter en compétences pour renforcer sa compétitivité. Tour à tour, enseignants, économistes et industriels se relayeront pour expliquer la relation entre l'entreprise et l'université. Un lien appelé à se fortifier sous peine de rater le dernier train de la compétitivité et de l'innovation. Au menu figure notamment une communication de Farid Bensbaa, chercheur à l'Institut de technologie des procédés chimiques et de l'environnement, sur “les incubateurs d'entreprises”. Des structures censées accompagner les porteurs de projets tout au long de leurs démarches. Autre axe de réflexion : une conférence de Yahia L'Hocine, professeur à l'Ecole polytechnique de Montréal, qui relatera l'expérience canadienne dans le domaine du partenariat entre l'université et l'industrie. Objectif affiché par les organisateurs du forum : “Eviter le cloisonnement par la création d'unités de recherche, appartenant aux deux mondes, l'Université et les entreprises.” Faire tomber les murs Le forum est aussi potentiellement porteur d'une autre promesse : en misant sur les PME, en s'attachant à faire tomber localement les murs qui séparent la plupart des cursus universitaires du monde de l'entreprise, certaines propositions plaident pour l'octroi des moyens aux employeurs de faire connaître leurs besoins de compétences actuels et futurs, d'influencer les programmes, d'y apporter leur contribution sous forme d'offres de stage, de journées portes ouvertes… “L'inadéquation des formations avec les besoins du marché du travail explique, pour partie, le taux élevé de chômage des jeunes”, analyse un économiste. “Il est impératif de renforcer les relations entre l'école, l'université et l'entreprise, en développant l'apprentissage et les formations professionnalisant”, insiste ce dernier. Certains suggèrent également que la dernière année de cursus universitaire se fasse par alternance, ainsi que de favoriser et étendre le tutorat. Reste à savoir si ce forum devrait porter ses fruits. Car, au-delà des forums, l'université est attendue sur le terrain du concret. À quand la création d'un incubateur des entreprises à Béjaïa ? À signaler qu'un décret permettant la création de pépinières d'entreprises à Béjaïa a été promulgué dans le Journal officiel, en 2003. Sept ans plus tard, le projet (censé être réalisé par l'Etat) est encore au stade de l'inscription ! C'est dire l'écart entre les discours et la réalité. C. L.