Si elle n'a pas la prétention de lire dans la boule de cristal, Louisa Hanoune ne s'empêche pas de prédire des changements imminents cet été. De quelle nature ? Elle ne le sait pas. Mais elle perçoit, comme beaucoup, des indices annonciateurs de changements espérant seulement qu'ils soient aussi d'ordre institutionnel, étant porte-étendard de la dissolution du parlement. “Il y a une paralysie politique. Il est exclu que les choses restent en l'état. On n'a pas d'éléments, mais on entend des rumeurs qu'il va y avoir des choses cet été”, a affirmé hier à Alger, lors d'une conférence de presse animée au siège du parti, la porte-parole du parti des travailleurs. Cet équilibre “instable” qui caractérise la vie institutionnelle du pays, Louisa Hanoune le résume par cette formule qu'il convient sans doute de méditer : “C'est l'histoire de je te tiens, tu me tiens par la barbichette !” Même si elle prend la précaution d'affirmer que “le flou actuel ne permet pas des lectures en profondeur”, la députée n'en pense pas moins que les changements sont inéluctables. “Après les élections, il y a eu des choses ahurissantes (…) Il y a quelque chose qui se trame”, dit-elle. Autre inquiétude de la responsable du PT : la situation sécuritaire. Dans ce contexte, elle s'interroge sur l'objectif visé par les auteurs de l'attaque contre les gendarmes à Bordj Bou-Arreridj, un discours qui emprunte par certains aspects à celui tenu durant les années 1990. “Qui a intérêt à viser l'Etat ? (…) c'est la mafia et les multinationales.” Interrogée si ce discours ne disculpe pas Al-Qaïda qui a pourtant revendiqué l'attentat, Louisa Hanoune enfonce le clou : “Nous ne pouvons pas disculper Al-Qaïda, mais encore faut-il qu'on se mette d'accord qui est Al-Qaïda ? Il y a une jonction entre le terrorisme et la mafia”, estime-t-elle avant de préciser que “le choix du moment n'est pas fortuit”. Sur le nouveau parti dont on prête la volonté de création au frère du Président, Louisa Hanoune soutient qu'“elle ne peut juger d'une chose qui n'existe pas”, assurant toutefois qu'elle est pour la liberté d'organisation. “C'est vrai que c'est un ballon-sonde (…) Y a des rumeurs qui grossissent, on sent la panique chez certains et des députés affirment même qu'ils rallieront le nouveau parti, mais c'est au peuple d'accepter le programme des uns et des autres.” Que pense-t-elle de la promotion d'une femme général ? “C'est bien. C'est aussi une occasion de rouvrir le débat sur le code de la famille qui la confine au statut de mineure”, dit-elle. Louisa Hanoune, qui animait une conférence au lendemain de la tenue d'une session ordinaire du conseil national de son parti, est revenue longuement sur la décision du bureau de l'Assemblée de verser les indemnités des députés sur leur compte personnel au lieu de ceux du parti. “Nous avons saisi Ziari pour qu'il saisisse le conseil constitutionnel”, a-t-elle dit. Mais elle soupçonne que derrière cette décision se cache une volonté de déstabiliser sa formation. “On est victime de répression et de provocation à cause de notre position sur les législatives anticipées.” “Personne ne nous fera du chantage, nous sommes un parti indépendant”, a-t-elle clamé.