Le PT souhaite mobiliser le peuple contre la loi sur les hydrocarbures et les privatisations. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le PT a parfaitement réussi sa «célébration» du double anniversaire du 24 février, que d'aucuns oeuvrent à effacer des mémoires, mondialisation oblige. Ce parti qui a fait le plein, ce jeudi, au niveau du Royal d'Hussein Dey, a réussi à récolter des centaines de signatures autour d'un serment que Louisa Hanoune à la fin du meeting, n'a pu lire que difficilement, sous les acclamations, toujours renouvelées des présents. Se basant sur les témoignages vivants et imparables des syndicalistes venus nombreux prendre la parole, mais aussi sur l'invitation lancée la veille, mercredi, par Bouteflika, Louisa Hanoune martèlera que «les solutions existent, qui résident dans la concertation et le respect du serment prêté à nos martyrs». Toutefois, le PT refuse catégoriquement d'en recevoir paiement, comme le disait le président et encore moins d'entrer en compétition avec quiconque. Très confortée dans ses positions depuis les terribles aveux de Bouteflika faits à partir de la Maison du peuple, Louisa Hanoune prend des dizaines d'exemples sur ce qui ce passe dans le monde pour dire qu'«il est possible d'agir autrement, de ne pas obéïr aux pressions américaines puisque le résultat irakien, à savoir le bradage de nos richesses, est au programme». Mieux, les données et les rapports de forces n'ont pas véritablement changé depuis février 71, à ceci près que «le capitalisme en est à un stade avancé de sa décomposition», ce qui explique son extrême violence vis-à-vis des pays du tiers-monde, et de ses populations et où la délocalisation est en train de causer de véritables ravages. Louisa Hanoune, qui rappelle que ce sont les mêmes «réformes» que celles de Chakib Khelil, en Argentine, qui ont causé la ruine de ce pays, ajoute que sa loi sur les hydrocarbures qui doit être retirée impérativement et immédiatement, contient de graves contradictions entre les articles 2 et 22. Le bradage des richesses est au programme. La perte du seul revenu dont dispose l'Algérie y est programmé. «Cette loi constitue un saut vers un gouffre terrible». Si la privatisation de Sonatrach n'y est pas expressément programmée, le fait qu'elle soit livrée à elle-même, face à des multinationales qui pèsent plus que les Etats suppose qu'elle devra, soit ouvrir ses capitaux soit se laisser mourir sous la concurrence. A propos des pressions et obligations que nous impose la «mondialisation sous le couvert de son GMO», Louisa Hanoune pressera Bouteflika d'en dire plus, «qu'il s'agisse des disparus, des libertés collectives et individuelles ou de la Kabylie, il nous est possible de discuter démocratiquement pour dégager les solutions idéales au lieu de continuer à subir ce genre de pressions destructrices». En lisant son serment du 24 février, Louisa Hanoune lancera un appel pressant aux députés de tous les partis dont la session commence par le Kassaman, afin qu'ils «bloquent ces réformes meurtrières au nom du serment fait à nos martyrs et des idéaux défendus durant la guerre de Libération nationale». Par ailleurs, la lune de miel entre le Parti des travailleurs et l'Ugta n'est plus qu'un vieux et lointain souvenir. L'adoption par le conseil des ministres de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, et le discours-fleuve - quatre heures - prononcé par le chef de l'Etat mercredi au siège de la centrale syndicale à Alger lors de la célébration du 34e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, a sérieusement accentué les divergences et a mis à nu les relations, déjà ambiguës, entre le parti de Louisa Hanoune et l'organisation de Sidi-Saïd. La porte-parole du PT a multiplié, sans le nommer, hier lors de la conférence nationale des commissions ouvrières du parti, à Zeralda à Alger, les critiques à l'adresse de ce syndicat auquel elle reproche de s'être plié à la politique économique du gouvernement, également pour ce qui est de la privatisation des entreprises publiques. «Le syndicat n'a pas les prérogatives d'accompagner la politique du gouvernement» dit-elle en mettant en garde contre une pareille attitude qui mènerait directement à l'implosion de cet organisme. Car «les travailleurs, mécontents de l'attitude de leurs responsables, se retourneront à coup sûr contre leur organisation (...), des syndicalistes en grogne viennent se plaindre régulièrement auprès de nos instances» a-t-elle justifié. Mais la «voyance» de Mme Hanoune ne s'arrête pas là. Les jours de l'ex-syndicat unique du pays seraient comptés, dit-elle, si ce dernier persiste dans la voie approbatrice. Pour autant, la secrétaire générale du PT s'est félicitée des réserves «importantes» exprimées par la fédération des pétroliers quant à la préservation des acquis mentionnés dans l'article 17 de la Constitution. De fait, elle a émis le voeu que l'Ugta durcisse sa position et s'est même dit prête à la soutenir dans ce cas de figure.