Ils étaient nombreux à venir dimanche dernier se recueillir sur les vestiges du village martyre Hattou (commune d'Adekar, wilaya de Béjaïa), qui a été rasé par les paras français en 1956. Aujourd'hui, ce sont des images de désolation et des décombres qui défilent à Thakhamt Lahara Oufella, Thak Oufella, El Djamaâ… Ils ont choisi, les enfants de village, un 5 juillet, date symbolique de recouvrement de l'Indépendance, pour marquer une halte devant l'histoire. Un périple à travers des demeures aujourd'hui en ruine, guidé par les aînés du village qui ont échappé aux affres de l'armée française, a offert à la nouvelle génération une opportunité de feuilleter les pages glorieuses de l'histoire de ce village qui continue de résister aux vicissitudes du temps. Rappelons au passage que ce dernier, qui a été déserté un mardi de 1956, au lendemain de la descente de la razzia coloniale, a été revisité par les descendants des natifs de ce village. Un retour pour s'abreuver des annales légendaires de ce village héroïque, en attendant la reconstruction du village. Un voyage dans l'histoire animé par les vétérans était au menu de la célébration de la fête de l'Indépendance. L‘heure était, dimanche dernier, à la méditation et au recueillement. Les anciens du village Hattou ont embrassé, pour la circonstance, le métier de guide accompagnateur. L'histoire des ancêtres a été revisitée de fond en comble. Les autorités locales, à leur tête le P/APC, Idir Hamouri, et le chef de daïra d'Adekar, des notables des villages limitrophes, des jeunes, moins jeunes, des femmes ont honoré pour leur part de leur présence ce rendez-vous avec l'Histoire. Les herbes poussées sur les sentiers menant au village Hattou ont fini par être écrasées par les centaines de visiteurs. À l'issue de ce périple chargé d'émotion et d'affection, les pèlerins et la délégation officielle, conduite par le chef de daïra, ont assisté à l'opération de terrassement du site devant abriter la nouvelle mosquée du village. Et le chef de daïra s'est engagé devant l'assistance pour que la première pierre du projet de reconstruction de la mosquée soit posée le 1er novembre prochain. C'est un projet qui marque un retour collectif des enfants du village. À cet effet, une association de reconstruction de la mosquée sera mise sur pied pour la concrétisation de l'opération.Les membres de cette association de reconstruction de la mosquée du village, présidée par Hadj Mohand Cherif Hattou auront du pain sur la planche pour être au rendez-vous. Pour rappel, les anciens habitants de ce village ont dû fuir leurs demeures et abandonner leurs biens et leurs terres, un mardi de 1956, un jour de marché où un colon français Diland a été tué par les moudjahidine. Et pour venger le sang de Diland, son épouse a exigé des paras français stationnés dans la région, d'exterminer les habitants du village Hattou. Après quoi, les occupants de ce village n'eurent d'autre choix que de prendre le chemin de l'exode. H. H.