Le refus d'accorder des vols supplémentaires des deux côtés, aussi bien algérien que français, a perturbé le programme estival des transporteurs. Deux à trois jours à faire le pied de grue à l'aéroport parisien d'Orly dans l'espoir de décrocher une place pour rentrer au pays. Voilà des images comme on n'a pas vues depuis longtemps. Il ne s'agit pas là de retard dans les horaires de départ ou d'arrivée des vols et des longues heures d'attente qui en découlent, ni même de la cherté des titres de transport et de toutes les tracasseries habituelles, mais carrément de l'indisponibilité des places pour rejoindre le pays. Ils sont, d'ailleurs, de plus en plus nombreux à vouloir se rendre au bled pour les vacances, les visites familiales, les mariages, les circoncisions, ou même profiter du soleil. Et chaque année, les autorités algériennes se disent prêtes à accueillir ces estivants particuliers, ces enfants du pays que personne n'hésite à “draguer”, notamment en période électorale. On a même fait très fort, cette année, en accordant des réductions substantielles pour certaines catégories de voyageurs, ce qui laissait présager une augmentation du trafic. Un comportement contradictoire de part et d'autre dont on n'explique pas les pourtours puisque l'on assiste aujourd'hui à une situation kafkaïenne dont la seule victime reste le passager. À ne pas s'aventurer non plus à rater son vol sous peine de se voir coincé sans aucune possibilité de retour en temps voulu. Certaines situations font, pourtant, que certains voyageurs se retrouvent malgré eux confrontés à des imprévus. Pas plus tard que la semaine dernière, un accident a engendré le blocage de la circulation du chemin menant à l'aéroport d'Orly, ce qui a inévitablement amené certains voyageurs à rater leur vol. Et le cauchemar a commencé pour ces gens qui n'ont eu aucune solution de rechange sinon de prendre leur mal en patience au risque de rater des rendez-vous professionnels importants, date de reprise de travail, date d'arrivée dans des complexes touristiques, etc. Les compagnies affichent complet la plupart du temps comme recueilli auprès des différentes directions. Ce n'est point surprenant à plus forte raison que les aviations civiles des deux pays refusent d'accorder les autorisations nécessaires pour les vols supplémentaires. Certes, le refus n'est pas direct puisque ces entités se réfugient derrière l'excuse “à l'étude”, qui sied aux circonstances pour éviter la confrontation. Or, l'urgence requiert une plus grande souplesse et devrait faire fi de toute autre considération pour répondre à la forte demande ponctuelle en termes de sièges. Ce n'est pas le cas, et chacun y va de sa propre argumentation. La réglementation qui régit l'activité aérienne est pourtant claire. Elle stipule le système de quotas pour assurer l'équilibre entre la compagnie nationale et les compagnies étrangères qui desservent la même destination. Mais il se trouve que l'accord aérien entre l'Algérie et la France prévoit aussi, de manière systématique, les vols supplémentaires durant la période allant du 15 juin au 15 septembre avec bien entendu une demande au préalable. L'Algérie a donc ouvert le bal des “susceptibilités” en refusant d'accorder des vols supplémentaires à Aigle Azur même si, par la suite, de gré ou de force, elle a dû réviser très vite son attitude et revenir à de meilleurs sentiments car la seule et unique victime reste le passager. Trop tard, une bataille sourde est ainsi enclenchée car Air Algérie subit à son tour le même traitement et voit ainsi sa demande de rajout de vols demeurer “à l'étude”, comme le rapportent des sources proches de la compagnie nationale qui ont fait état de la demande d'une dizaine de vols pour assurer le retour des vacanciers. Air France, pour sa part, a introduit également une demande auprès de l'aviation civile algérienne, il y a de cela une quinzaine de jours, pour un avion-cargo qui reste sans réponse. Les responsables d'Air France en Algérie ont toutefois insisté sur l'excellence des rapports qui les lient à l'aviation civile algérienne et estiment que c'est là le délai normal pour le traitement d'un dossier, et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Pour ce qui est des vols supplémentaires, la compagnie française avait introduit une quatrième fréquence au mois de mars qu'elle a décidé de maintenir jusqu'au 29 octobre. “Il faut anticiper sur la demande”, soutient-on du côté d'Air France. Reste à savoir à quel point les compagnies aériennes doivent être prévenantes et anticiper sur la demande notamment dans un secteur en proie à de grandes turbulences en ces temps de crise financière. À noter qu'Air France assure quatre fréquences quotidiennes au départ d'Alger vers la capitale française, mais n'opère pas sur Orly et consacre un vol quotidien vers Marseille. Air Algérie, pour sa part, assure également quatre vols sur Paris, un vol sur Marseille et un autre sur Lyon. Aigle Azur, quant à elle, assure quatre vols quotidiens sur Paris et une fréquence sur Marseille. L'équilibre existe bel et bien donc en termes de fréquence, mais la différence réside dans la capacité en sièges qui, elle, reste déterminante… Nabila Saïdoun