163 baigneurs ont été hospitalisés dans la soirée de vendredi à l'hôpital Ahmed-Medaghri. Ils se trouvaient au niveau de certaines plages, notamment celles situées sur la côte est du littoral. Ils souffraient des mêmes symptômes. Etat fébrile, toux sèche, irritation du pharynx et nausées chez certains, ce sont les premiers signes cliniques découverts chez les patients qui étaient pris de panique. Devant l'ampleur du phénomène, le médecin de garde qui alerta les responsables concernés a peut-être pris la mauvaise décision d'exiger le port du masque. Arrivé en urgence pour faire un premier constat et soutenir les malades, le secrétaire général, en sa qualité de premier responsable du comité de lutte contre les maladies à transmission hydrique, fut contraint de porter le masque, et ce, au même titre que ses accompagnateurs. La scène inquiète. S'agit-il de la grippe porcine ? C'est là la première question qui taraudait l'esprit des patients. Seul le wali, ancien responsable de la Protection civile, qui a eu à gérer ce genre de situations, n'a pas jugé utile de porter le masque refusant de se soumettre aux exigences du médecin et a conseillé à l'assistance de s'en débarrasser. Il a peut-être vu juste. Qui sait. Son but était certes destiné à faire face à toute panique mais les signes cliniques observés chez les patients étaient, pour le premier responsable de la wilaya, loin de présenter un risque de contamination. “Il n'y a rien d'inquiétant”, a rétorqué le wali au médecin ajoutant que “s'il y a risque, je serai le premier à en payer les conséquences”. La majeure partie des malades a été prise en charge à l'hôpital Ahmed-Medaghri, alors que le reste a été transféré à la clinique Es-Sabbah située à la nouvelle ville Akid-Othmane. Face à cette situation, le dispositif de prévention a été mis en branle et les médecins épidémiologues ainsi que tout le corps médical ont été mobilisés. Craignant une ruée d'autres sujets provenant des plages, les autorités ont pris d'autres dispositions mettant sur le qui-vive l'hôpital Dr Benzerdjeb de Aïn Témouchent, ceux de Hammam-Bou-Hadjar et de Béni-Saf, et ce, en plus des centres de santé des localités côtières concernées. Ainsi, d'après M. Azzedine Kerri, président du comité de lutte contre les MTH, les médecins ont diagnostiqué un syndrome respiratoire aigu d'origine exogène. “Sur les 163 cas admis à l'hôpital, 45 ont été traités sur place, 10 autres à la clinique Es-Sabbah, alors que trois cas seulement sont restés en observation avant que deux d'entre eux ne quittent leur lit quelques heures après”. Les responsables ont tenté de cerner l'origine de ce phénomène qui n'a touché que la partie est du littoral témouchentois. Leurs analyses, comme nous le fera comprendre notre interlocuteur, sont allées tout droit vers les projets d'envergure en cours de réalisation comme Orascom pour la centrale électrique, Medgaz ou encore l'usine de dessalement d'eau de mer qui pourraient jeter les produits toxiques. Or ce n'est pas le cas, car toutes ces usines ne sont pas encore en fonction, et ce, hormis celle de dessalement d'eau de mer qui aspire l'eau et rejette la saumure et dans ce cas-là le traitement se fait en amont. Selon le SG de la wilaya, “la présence d'un navire dans les eaux territoriales qui aurait délesté sa soute de son oxyde de carbone serait la piste la plus plausible et donc l'éventualité la plus probante. Une thèse qui pourrait être la bonne puisque l'un des baigneurs que nous avons rencontré, nous a confirmé qu'il a vu une grosse tache blanchâtre au large. Des prélèvements bactériologiques d'eau de mer ont donné des résultats négatifs alors que des éprouvettes de prélèvement de sang des sujets ont été envoyées au service de toxicomanie d'Oran pour analyses. À titre préventif, toutes les plages sont sous surveillance hormis celle de Madagh. M. Laradj … et à Boumerdès Panique avant-hier à Boumerdès et Corso lorsque plus de 162 estivants, qui se trouvaient à la plage de Boumerdès-Ouest et Corso, ont été pris d'un malaise souffrant de maux, notamment d'allergie oculaire, de respiratoires hautes, de pharyngites et de rhinites associées à de la toux et à des éternuements. Hier encore vers 16h, quatre éléments de la Protection civile, assurant la surveillance de la plage ouest de Boumerdès, ont été pris eux aussi d'un malaise et souffraient des mêmes symptômes. Mais le plus grand nombre des malades a été traité avant-hier vers 20h au niveau de l'unité d'urgence médicale (UMC) de Boumerdès. Certains patients, selon de sources médicales, ont été laissés en observation près d'une heure pour être relâchés après avoir reçu les soins appropriés. Hier encore, les rumeurs les plus folles ont circulé à Boumerdès. De nombreux estivants parlaient hier d'une embarcation qui aurait déversé aux larges des côtes de la plage de Corso des produits chimiques alors que d'autres ont parlé d'un vent polluant qui après avoir soufflé sur la plage aurait infecté les nombreux baigneurs présents encore sur la plage. Des parents de ces patients se sont présentés hier à notre bureau pour exprimer leur inquiétude sur ce qui s'est passé en cette soirée du vendredi soir entre la plage de Corso et la plage Boumerdès-Ouest et certains d'entre eux sont allés jusqu'à évoquer des symptômes de la grippe porcine. Leur inquiétude a été exacerbée après que l'un des médecins, qui les a soignés, s'était équipé d'un masque de prévention le même qu'on utilise pour prévenir des contaminations de la redoutable grippe. Mais les services de la santé, qui ont dépêché la nuit même une équipe sur hôpital de Boumerdès, ont rassuré que les symptômes n'ont rien à avoir avec la maladie. Le directeur de la santé de wilaya M. Namani était, lui aussi, rassurant. Sur l'origine de cette infection circonscrite uniquement à la plage de Corso et Boumerdès-Ouest, M. Namani dit attendre les résultats des analyses pour se prononcer. “Nous avons effectué des prélèvements sur l'eau de mer pour procéder à des analyses bactériologiques et nous aurons les résultats demain (dimanche, ndlr)” a-t-il indiqué. Le même responsable a ajouté que ses services avaient pourtant effectué quelques jours auparavant des analyses au même endroit, mais n'ont rien trouvé de suspect. “Nous ne pouvons avancer aucune hypothèse sans le résultat des analyses”, a encore indiqué M. Namani en précisant que “toutes les personnes admises ne présentant pas de fièvre ont regagné leur domicile après avoir reçu les soins appropriés”. De son côté, le directeur de l'environnement, qui se trouvait hier soir à la plage de Boudouaou El-Bahri pour s'enquérir de la situation, a indiqué que “des prélèvements d'eau de mer ont été envoyés à Alger pour des analyses physicochimiques”. Les résultats sont attendus pour demain lundi. M. T.