Paru aux éditions Casbah, Akfadou, un an avec le colonel Amirouche, de Hamou Amirouche, est un récit de 458 pages, qui interroge l'histoire et synthétise avec réalisme et admiration la guerre de Libération nationale et la lutte pour l'Indépendance. Ancien moudjahid et compagnon d'armes du colonel Amirouche, Aït Hamouda, Hamou Amirouche témoigne dans son ouvrage de son expérience au maquis à la Wilaya III entre 1957 et 1958, sous le commandement du colonel Amirouche. Il évoque dans son livre la longue marche qui l'a mené avec certains de ses frères d'armes vers la Tunisie, dans le cadre d'une mission. Hamou Amirouche tend également à lever le voile et jeter un éclairage sur certaines pages de l'histoire de la guerre de Libération, notamment le complot de la Bleuite (un épisode effroyable et douloureux de la guerre psychologique) et l'affaire de l'Oiseau bleu. Ce faisant, l'auteur remet en cause beaucoup de clichés indûment accolés à l'un des plus célèbres chefs de la guerre de Libération. De là même, et à l'aune des traits caractéristiques du personnage et de ses projections — il en avait —, l'auteur analyse aussi la période actuelle tout en tentant de répondre à une interrogation : l'Algérie d'aujourd'hui est-elle à la hauteur des rêves de révolutionnaires comme le colonel Amirouche ? L'Algérie d'aujourd'hui est-elle juste et moderne ? Et sommes-nous à la hauteur du sacrifice ? De plus, cet essai-témoignage est très touchant, surtout la dédicace au tout début. Hamou Amirouche raconte que le 8 novembre 1957, l'armée française leur avait tendu une embuscade dans le village Azrou, près d'Azazga. Ils ont réussi à y échapper, se réfugiant ainsi dans une forêt, et quand ils retournèrent au village, ils le trouvèrent déserté et en train de brûler. Au milieu de ce chaos, une vieille femme était là, traînant une chèvre et a prié pour eux. L'auteur écrit : “En nous apercevant, elle qui avait tout perdu sauf la foi, murmura : ‘Ak nissar Rabbi awladhi' (Dieu vous protège mes enfants). Aussi loin que je retourne en arrière à travers les souvenirs tumultueux de la guerre, aucun être n'a provoqué en moi une aussi profonde émotion. À cette dame des hauteurs, je dédie ce modeste ouvrage.” Cette dédicace installe déjà une grande émotion chez le lecteur et une intimité se crée grâce à l'énonciation du récit, puisque l'ouvrage est écrit à la première personne. Le livre est vrai, authentique et truffé de noms de lieux, de personnes ainsi que de dates. Hamou Amirouche ne sollicite pas que la mémoire, il s'intéresse à l'histoire et à l'impact du passé sur le présent. L'auteur animera une vente-dédicace, le jeudi 23 juillet prochain, à la librairie du Tiers-Monde. R. C.