Le jazzman Karim Ziad, était la vedette de la scène de l'auditorium de la Radio dimanche dernier. Le batteur connu dans son style afro-maghrébin a offert un spectacle exceptionnel pour l'avant-dernière soirée du Festival panafricain. Connu pour ses albums Ifrikiya et Chabiba dédiés à la jeunesse algérienne, cet artiste, qui a plusieurs cordes à son arc, s'est illustré au côté des plus grands de la scène musicale, comme Cheb Mami, Nguyên Lê et Joe Zawinul. En effet, le bal a été ouvert avec un titre phare de son répertoire Constantine, en compagnie de Michel Alibo le bassiste martiniquais, le saxophoniste Zimmerman, un tromboniste et un pianiste. Ce quintette a plongé la foule présente dans une atmosphère de délire, qui a plongé les jeunes tout droit dans une ère africaine aux rythmes orientaux, des rythmes jazzy et funky. Le petit prince comme l'appellent ses amis a pu le temps d'une soirée rapprocher tous les peuples, et ce, grâce aux origines différentes de ses musiciens qui ont communié dans une fusion harmonieuse, dont le résultat était une représentation magistrale qui n'a fait que réunir en une parfaite symbiose l'Occident et l'Orient. Au bout d'une demi-heure de pure musique jazz, une surprise en or a été réservée aux spectateurs qui les a laissés bouche bée, mais surtout qui a provoqué l'hystérie générale. En effet, un artiste de renom était venu s'illustrer sur scène au côté du quintette, arrivé tout droit du Maroc, Hamid El-Kousri, l'emblème de la musique gnawie était muni de son guembri, accompagné par ses deux percussionnistes au karkabou. Alors, dès le début de ce duo entre les deux groupes, une ambiance du tonnerre a eu lieu, ce cocktail entre le gnawi et le jazz a donné naissance à un rythme enivrant et surprenant, qui a emporté les jeunes dans une transe qui leur a permis de sortir les démons qui sommeillent en eux. Sans compter la gestuelle de leur corps qui donnait l'impression qu'ils étaient possédés par des djinns. Le répertoire interprété était tiré du folklore gnawi marocain. À un moment du show, Michel Alibo et Hamid El-Kousri ont joué en acoustique ensemble, tous deux munis de la basse et du guembri, un air explosif s'est produit sur la scène de la radio. Ce concert, fort en émotion, a réuni la jeunesse, mais des personnes encore plus âgées, un spectateur d'un certain âge, dansait et chantait comme s'il avait vingt ans. “Karim Ziad est un génie, cet échange avec le groupe gnawi est magistral, à chaque fois qu'il se produit, il épate la galerie”. En effet, le batteur est connu pour son amour pour le gnawi et s'est même produit à maintes reprises avec des artistes de la musique sahraouie. Un seul détail a failli gâcher le spectacle, en effet, pour l'ouverture du spectacle, le groupe Madar, qui s'est produit juste avant dans la musique jazz, a fait une représentation qui ressemblait à tout sauf à du jazz, et leur style ne se situe dans aucun genre musical. Pour la fin du Panaf, le public algérois s'est régalé grâce à Karim Ziad, et était fort nombreux, et ce, malgré la présence de Khaled à l'esplanade, cela démontre que la culture du jazz commence à prendre de la place dans notre société. Hana Menasria