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Le train retrouve les vieilles gares de Kabylie
Il relie Alger à Tizi Ouzou après une rupture de 15 ans
Publié dans Liberté le 25 - 07 - 2009

Le train de voyageurs Tizi Ouzou-Alger a repris du service le 19 juillet dernier à la grande joie des voyageurs et surtout des travailleurs de la Kabylie qui exercent dans la capitale. Notre reporter a effectué le voyage aller-retour par chemin de fer pour partager ces “retrouvailles” entre le rail et ses usagers de la région.
l est sans doute loin d'être le fameux TGV qui relie, en Europe notamment, deux pays ou deux grandes villes en un temps record, mais il faut admettre qu'il n'est pas non plus le train à charbon des cow-boys. C'est tout simplement un train qui rallie Alger en partant de Tizi Ouzou en deux heures. Ce que le voyageur ne pouvait se permettre ni par bus ni encore par son propre véhicule depuis quelques années. Depuis le boom de l'automobile. Depuis aussi la multiplication des barrages de contrôle sur l'autoroute Tizi Ouzou-Alger. C'est d'ailleurs dans ce temps que l'on peut gagner sur le trajet que réside le grand avantage de prendre ce train qui a repris du service le 19 juillet dernier, après 15 ans d'arrêt. Sauf que pour le prendre, il faut se lever tôt, vraiment tôt !
Départ à l'aube
5h15. La nouvelle gare ferroviaire de Tizi Ouzou, cette bâtisse à architecture moderne, réalisée en prévision de la reprise du train Alger-Tizi Ouzou avec son extension jusqu'à la zone industrielle de Oued Aïssi, puis Azazga, a déjà ouvert ses portes. Mais point d'affluence !
Devant le guichet, à l'étage supérieur, un homme va prendre son ticket. “120 DA, monsieur !”, dit le guichetier. “Donc le même prix que le bus”, rétorque le client, sous les yeux de son épouse qui l'attend, bagages en main. “On gagne au moins d'être sûrs d'arriver à l'heure indiquée et à faire l'économie du stress des embouteillages”, ajoute-t-il. Quelques autres usagers pressent le pas, se précipitant vers le guichet, prenant furtivement leur ticket, sans mot dire, avant d'emprunter l'escalier menant vers le quai, et finir par s'engouffrer dans une des voitures. À croire que pour eux, emprunter ce train n'est, après tout, qu'une vieille habitude. 5h23. Le chef de gare, le pas alerte, fait un aller-retour dans tout le train jetant des regards par-ci par-là. Rien d'anormal, semble-t-il avoir constaté, satisfait. Moins satisfaits, deux jeunes venus ensemble tenter l'aventure du train et assis l'un en face de l'autre ne donnaient pas cette impression. “Je m'attendais à trouver un train avec les voitures modernes qu'on a montrées à la télévision, et là je me retrouve dans les mêmes wagons du fameux train gris des années 1970 et 1980 qui ne sont d'aucun confort”, dira-t-il à son copain, qui acquiesce de la tête mais en précisant, toutefois, que c'est au moins sûr d'être à Alger-Centre à 7h30 et qu'il n'a pas donc à prier le Ciel pour qu'il n'y ait pas d'embouteillages ou un quelconque accident de la circulation qui lui fera rater son rendez-vous.
Première halte : Draâ Ben Khedda
5h25. Le premier sifflement du train déchire le silence dans la ville de Tizi Ouzou qui semble encore plongée dans un sommeil profond. Lentement, le train prend le départ avec, à son bord, une moyenne de 2 à 3 passagers par voiture de 32 places assises. La vitesse augmente au fur et à mesure que le train dévore les rails. 5h39. Le train siffle encore une fois avant de s'arrêter à la gare de Drâa Ben Khedda, mais pas l'ombre d'un voyageur en attente.
Drâa Ben Khedda dort encore à cette heure-là. Tadmaït sera le prochain arrêt, mais avant d'y arriver, le train traverse le fameux marché de gros au niveau duquel il ralentit au maximum. “On peut faire ses courses à partir du train”, lance, plaisantant, le même jeune. Avec ses deux mains, il couvre sa bouche et son nez pour ne pas sentir les gaz accompagnés de poussière qui gagnent l'intérieur du train par les portes et les fenêtres restées ouvertes. À Tadmaït, où le train marque son deuxième arrêt à 5h50, quelques voyageurs s'engouffrent dans la même voiture. On quitte Tadmaït, ses quatre tunnels, ses plaines et ses moutons pour Naciria qu'on rallie au bout de 10 minutes. Il est 6h. Une quinzaine de voyageurs embarquent. Deux personnes âgées discutent du retour de ce train Tizi-Alger. “Voilà ! Je m'assois sur ce siège par nostalgie, parce que c'était là que je m'asseyais chaque matin durant les années 1980”, dit, tout en dépliant un mouchoir pour dépoussiérer un siège, celui que son compagnon appelait ammi Saïd. Du coup, ammi Saïd, l'homme aux cheveux gris, visiblement content de reprendre sa vieille habitude de voyager par train, dépoussière aussi sa mémoire et replonge dans ses souvenirs qu'il raconte à haute voix pour permettre à son ami de l'entendre. Il évoquera jusqu'au train Dellys-Boghni dans les années 1940 et dont peu de gens se souviennent encore puisque même les rails ont été couverts de bitume. Ammi Saïd n'a pas fini de parler lorsque le train s'arrête à Bordj Menaïel. À l'entrée de la gare, une fumée et des gaz remontent encore dans le train. Un jeune en costume semble incommodé. Il quitte son siège, tout près de la porte, en gesticulant pour exprimer son mécontentement. 6h20 : gare ferroviaire des Issers. Le train s'arrête devant une bâtisse qui date de l'époque coloniale et qui sert encore de gare ferroviaire.
La nostalgie des vieilles gares de Kabylie
À l'exception de la nouvelle gare de Tizi Ouzou, toutes les autres datent de la même époque. Du reste, elles se ressemblent toutes. Avec des sièges vides qui se font désormais rares, le train prend la destination de Thénia où le train marque une halte à 6h30. Là, on découvre les voies électrifiées et le train bleu moderne, l'“autorail” dont parlait le jeune déçu au départ de Tizi Ouzou. “Tu vois, il a les portes et fenêtres fermées, et il fait moins de bruit, il doit être vraiment confortable”, dit le même jeune. “Peut-être qu'un jour on voyagera à bord d'un train pareil entre Tizi et Alger”, répondra son copain. En effet, l'électrification de la voie ferrée jusqu'à Tizi Ouzou est en projet, sauf qu'on parle d'un délai de trois années avant sa mise en service.
6h45. Le train s'arrête à la gare ferroviaire de Boumerdès et fait le plein. Il est bondé de monde. C'est le dernier arrêt. À partir de Boumerdès, le train augmente de vitesse. Il prend l'allure d'un véritable express. À 7h25, les voyageurs descendent déjà à la gare de l'Agha, satisfaits de la ponctualité du train et visiblement ravis d'arriver à l'heure, pour aller au boulot ou pour régler des affaires de bonne heure car ne dit-on pas que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ? Ce qui n'est pas un vain mot pour les montagnards de Kabylie. Même le jeune citoyen mécontent finit par sourire, oubliant d'un coup les désagréments des gaz, de la fumée, la poussière et le bruit assourdissant des wagons et de la locomotive.
La sécurité des passagers est bien assurée
Le retour est prévu à 16h05. À 16h05, le train est en effet à l'Agha. Ponctuel ! Contrairement à son départ de Tizi Ouzou le matin, les voyageurs, visiblement des travailleurs pour la plupart, sont plus nombreux. Il n'y a pas de sièges libres. Mais, contrairement à l'aller, il se vidait au retour à chacun de ses arrêts.
À partir de Bordj Menaïel, le train est quasiment vide. Une bande de jeunes adolescents ne cessaient de déambuler de l'avant vers l'arrière du train, suscitant quelque inquiétude perceptible sur le visage de quelques jeunes filles. Mais soudainement, deux agents, jusque-là discrets, portant une tenue sur laquelle est écrit “agent de protection du patrimoine”, se manifestent et font eux aussi des va-et-vient incessants, scrutant la bande d'adolescents en question. Les jeunes filles paraissent alors rassurées. Aux Issers, comme à Bordj Menaïel, Tadmaït, Drâa Ben Khedda, et à l'entrée de Tizi Ouzou, hommes, femmes et enfants, sortent sur les balcons de leur maison à chaque fois qu'on entend le sifflement du train qu'on salue à chaque fois d'une, et parfois même, des deux mains comme pour exprimer leur satisfaction de revoir enfin le train Tizi Ouzou-Alger reprendre du service après tant d'années d'absence.
Mais le retour aussi a son lot de poussière, de chaleur et de gaz surtout que la climatisation est inexistante. À leur descente du train à Tizi Ouzou, à 18h05, un jeune homme, la trentaine, demande à l'agent de la SNTF en plaisantant : “Vous n'avez pas de douches ici ? Sinon, il faudra penser à les installer.”
Ainsi donc prend fin le voyage aller-retour Tizi-Alger-Tizi sur un train régulier qui fait momentanément oublier tout le retard qu'accusent les travaux du projet d'extension de la voie ferrée menant de Tizi Ouzou vers la zone de Oued Aïssi et ce, en attendant la fameuse extension vers Azazga.
S. L.


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