Carlos Ruiz Miguel, professeur de droit constitutionnel, est expert en relations internationales. Il est l'auteur de nombreuses analyses traitant notamment de la question sahraouie et de la politique extérieure américaine. Dans cet entretien, il livre à nos lecteurs son appréciation sur les derniers développements de la situation. Liberté : Dans vos dernières déclarations, vous affirmez que le nouveau président américain mise sur la légalité internationale et constitutionnelle comme moyen de solution aux conflits. Cela veut dire quoi si on ramenait cela au conflit maroco-sahraoui ? Carlos Ruiz Miguel : Les agissements du nouveau président américain, Barack Obama, aussi bien dans le domaine intérieur (avec la fin du programme des tortures à Guantanamo et des vols de la CIA pour délocaliser la torture), que dans le domaine extérieur, laissent croire qu'il y a une approche consciente pour essayer de trouver une solution aux problèmes, avec l'appui du droit. C'est une approche tout à fait différente de l'approche qui a été suivie pendant les dernières années sous la présidence de George Bush, soutenue par une violation de la Constitution, à l'intérieur, et du droit International, à l'extérieur. Concernant le Sahara Occidental, cette approche veut dire tout simplement qu'il est inacceptable d'endosser l'envahissement, par la force, d'un territoire. Donc, le droit à l'indépendance et à l'autodétermination est incontestablement reconnu par l'ONU. Dans le journal ABC, vous avez écrit récemment que le Sahara occidental devient, sous Obama, “la pierre angulaire d'une politique étrangère sur ce modèle”. Pourriez-vous nous en dire plus ? Dans l'agenda international des Etats-Unis, il y a des problèmes très sérieux et beaucoup plus importants pour les Américains : Palestine, Iran, Corée du Nord… La crédibilité des Américains dans ces dossiers est liée au respect du droit international, parce ce que celui-ci donne une légitimité à leur politique, qui est très nécessaire après la perte de légitimité provoquée, ces dernières années, sous la présidence de Bush. Il est tout à fait clair qu'une grande puissance ne peut se suffire seulement de sa force. La légitimité est aussi importante que la force. Obama veut re-légitimer la politique extérieure des Etats-Unis. M. Miguel, en votre qualité de juriste, avez-vous perçu un changement dans la position de l'administration américaine vis-à-vis de la question de l'ex-colonie espagnole ? Le changement des Etats-Unis est indéniable. C'est une donnée objective. L'administration Bush, pendant ses dernières années, profitait de n'importe quelle occasion pour soutenir expressément le projet marocain d'une soi-disant “autonomie” du Sahara Occidental. Personne ne peut penser que l'omission systématique de ce soutien par l'administration Obama est un hasard. Par ailleurs, on ne peut pas oublier que le candidat opposé à Obama, à savoir le sénateur McCain, était soutenu par le lobby marocain. H. A.