L'Union africaine est vraiment mal partie. L'organisation panafricaine pensait avoir résolu son discrédit en plagiant l'ONU et le rassemblement régional qui fonctionne le mieux : l'Union européenne. Rien n'y fit; L'UA est comme l'OUA : une coquille vide, un syndicat de chefs d'Etats dont quelques uns sont même passibles du tribunal pénal international (TPI) pour graves manquements aux droits de l'homme basiques. Le sommet de maputo (Mozambique), le second sous la nouvelle appellation, s'est déroulé dans l'indifférence alors que le continent est devenu le concentré de tous les ratages de l'humanité en ce début du troisième millénaire : guerres civiles, conflits de frontières, violation des droits de l'homme, de la femme et des enfants, famines, épidémies et chaos environnementaux. La rencontre s'est surtout penchée sur le budget de l'organisation et la désignation de fonctionnaires aux postes de ses diverses commissions. Pour le reste, les conflits et le développement, les dirigeants africains se sont contentés de déclarations de bonnes intentions dont ils ont toujours excellé. De ce point de vue, l'OUA n'aura subi qu'une évolution de façade, même si dans ses nouveaux textes, l'accent est mis sur des objectifs en adéquation avec les préoccupations des peuples africains et les standards démocratiques internationaux. Généreux, les fondateurs de l'UA ont vu grand. Prenant à témoins leurs opinions, ils ont juré l'an dernier, lors du lancement de la nouvelle version de l'OUA, à Addis Abeba (Ethiopie) de faire de la bonne gouvernance un dogme indiscutable, promettant même de doter le continent d'un vrai Parlement, différent de l'actuelle Union parlementaire. Il est aussi question d'une cour africaine de justice, à l'image de celle onusienne de La Haye. Cependant, pour que cela se réalise, ne faudrait-il pas commencer par attribuer du pouvoir aux assemblées nationales africaines pour de vraies prérogatives législatives et le contrôle démocratique de leurs exécutifs ? La justice ne devrait-elle pas aussi se libérer des tutelles des autorités politiques ? C'est le b.a.b.a de la démocratie. Comme l'ONU, l'UA s'est dotée d'un Conseil économique social et culturel (ECOSOC) posant du coup la question de l'utilité du NEPAD qui lui est adoubé par le G8. Cerise sur le gâteau, l'UA aura son Conseil de la paix et de sécurité, à l'instar du Conseil de sécurité des nations unies, pour prévenir, gérer et régler les conflits inter-africains. Mais, ce ne sont là que de vues de l'esprit puisque, pour arrêter sa descente aux enfers, l'Afrique compte toujours sur des forces extra-africaines. Dans l'Afrique centrale, c'est l'UE (menée par la France) qui essaye d'éteindre au Congo des feux attisés par tous ses voisins. La facture s'élève à quelques trois millions de morts. Les chefs d'Etats de la CEDEAO ont supplié Bush pour qu'il prenne la tête d'une force d'intervention au Libéria. Les chefs d'Etats africains ont péroré à Maputo sur la bonne gouvernance et le développement durable. Sous les lambris d'un complexe flambant neuf, les pieds dans l'Océan indien et loin des foyers de guerres et de calamités. Alors que le continent est redevenu le théâtre d'un rude rivalité entre Bush et Chirac. Il en sera ainsi tant que l'Afrique n'aura pas basculé dans la démocratie et les droits de l'homme. D. B.