Les Etats-Unis reconnaissent tacitement l'élection du général putschiste Mohamed Ould Abdelaziz, à travers le communiqué de leur ambassade à Nouakchott, qui a annoncé que les Etats-Unis ont “hâte de travailler” avec le nouveau président mauritanien, alors que les opposants exigent une commission d'enquête sur le scrutin pour “fraudes massives”. Au moment où la contestation se poursuit, comme l'indique la nouvelle demande de l'opposition rendue publique mardi exigeant la création d'une commission d'enquête sur les “fraudes massives”, Washington reconnaît tacitement l'élection du général Mohamed Ould Abdelaziz. En effet, dans un communiqué de l'ambassade américaine à Nouakchott, publié le même jour, il est affirmé : “Nous avons hâte de travailler avec le président élu Aziz et avec son gouvernement sur les multiples défis auxquels fait face son pays”, tout en précisant que Washington “prend acte de la décision définitive du Conseil constitutionnel de la Mauritanie validant sa victoire”. Le document prend le soin toutefois de relever que “malgré un certain nombre d'irrégularités, le Conseil constitutionnel et d'autres observateurs internationaux ont jugé que les élections présidentielles du 18 juillet ont reflété la volonté générale du peuple mauritanien”. Il est également précisé que “l'Accord de Dakar a constitué la base d'un consensus national pour un retour à l'ordre constitutionnel en Mauritanie et a offert au peuple mauritanien la possibilité de choisir son propre leader”. L'ambassadeur US appelle néanmoins “le président élu Aziz, ainsi que tous les dirigeants politiques de la Mauritanie, à continuer à travailler ensemble de façon constructive et respectueuse, dans l'intérêt de leur peuple”. Le communiqué ne manquera pas d'évoquer la menace terroriste, d'autant plus que le 23 juin dernier, un ressortissant américain a été abattu en plein jour de trois balles dans la tête à Nouakchott. Cet assassinat a été revendiqué par la branche maghrébine d'Al-Qaïda et plusieurs auteurs présumés de ce meurtre ont récemment été arrêtés. En dépit de ce feu vert américain, l'opposition mauritanienne a demandé mardi la création d'une commission d'enquête sur les “fraudes massives” ayant, selon elle, entaché la présidentielle du 18 juillet, tout en déclarant prendre acte de la validation du scrutin “au plan juridique” par le Conseil constitutionnel. Cette requête a été formulée par les deux principaux candidats de l'opposition, Messaoud Ould Boulkheir (16,66% des voix) et Ahmed Ould Daddah (13,46%), dans un communiqué lu à l'occasion d'une conférence de presse conjointe. “Nous demandons la constitution d'une commission d'enquête dans l'immédiat pour faire la lumière sur les griefs relevés par les candidats” dans leurs recours devant le Conseil constitutionnel, souligne le communiqué. Pour rappel, cette institution avait rejeté les recours de l'opposition pour “insuffisance de preuves”. Il n'en demeure pas moins que les contestataires, qui “tout en prenant acte sur le plan juridique” des résultats annoncés par le Conseil constitutionnel, estiment que “la crise politique reste entière parce que les élections n'ont été ni libres, ni démocratiques, ni transparentes en raison de multiples manœuvres frauduleuses”. Ils expliquent leur démarche et affirment : “Ce que nous demandons est très simple : faire le recomptage des votes, vérifier le fichier électoral qui a été manipulé et procéder à l'examen technique des bulletins de vote soupçonnés de truquage à base chimique.” Ould Boulkheir avertit : “Si Ould Abdel Aziz refuse cette requête, il aura préféré devenir un président contesté, inconfortablement installé et assumera alors une lourde responsabilité pour l'avenir du pays et de la démocratie”, car “nous cherchons des solutions pour éviter que le pays ne s'installe durablement dans la crise”. Merzak T./Agences