Les faussaires ont utilisé l'identité de plusieurs citoyens pour conclure des transactions douteuses avec la complicité de fonctionnaires de la daïra de Chéraga, de la daïra et de la commune de Bab El-Oued. C'est ce qui ressort de l'enquête menée par les éléments de la section de recherches relevant du groupement de gendarmerie d'Alger. Une enquête, toujours en cours à cause d'une multitude d'intervenants ayant nécessité à maintes reprises l'extension de compétence hors d'Alger. Ce qu'il faut retenir de prime abord c'est que sans la complicité flagrante de certains employés véreux de l'administration publique, les trafiquants n'auraient pu réussir à obtenir de vrais faux documents leur ayant permis de s'adonner à la revente de camions de gros tonnage introduits frauduleusement à partir du Maroc. Mais bien mal acquis ne profite jamais. À l'origine de cette affaire, “un tuyau” avisant les gendarmes de l'existence au niveau de la circonscription de Chéraga de faux dossiers datant de 2006 concernant deux semi-remorques immatriculés dans la wilaya de Tissemsilt. La mission effectuée par les gendarmes dans cette ville est un départ vers l'aventure. Ils découvrent tout simplement que les camions ne sont pas enregistrés dans cette wilaya et que leur propriétaire est un inconnu de l'état civil. De retour à Chéraga, ils mettent la main sur le premier maillon de la chaîne en l'occurrence R. T. qui circulait depuis 2003 avec une carte nationale d'identité appartenant à un citoyen de Bouira qui l'avait égarée à l'époque. Entre-temps, on signale une autre transaction douteuse au niveau de la daïra de Bab El-Oued. Une Golf série 4. De fausses cartes grises établies au nom de H. A., un résident de la Chiffa dans la wilaya de Blida et de R. A., habitant à Bir-Mourad-Raïs et agent de sécurité de son état. Les personnes interpellées ont déclaré n'avoir jamais possédé de camion, encore moins avoir conclu une quelconque transaction dans ce sens. Donc l'acte de vente est un faux. En réalité la Golf a été enregistrée une première fois à Tissemsilt avec de faux papiers au nom de A. S. Ce dernier retrouvé nie pour sa part avoir possédé de sa vie une voiture. La Golf a été finalement vendue à Bab El-Oued à un résident de Chlef au nom de A. A., le premier vrai trafiquant dans cette affaire. Ce dernier déclare avoir fait une reprise (échange) avec B. H. de Bab El-Oued. Un imbroglio qui oblige les enquêteurs à se rapprocher du concessionnaire Volkswagen. Ils sauront alors que la Golf a été vendue à un certain B. A. en 2003 avec crédit bancaire auprès de CA Bank, organisme actuellement dissous. B. A. fait une reprise avec B. Abdel, le deuxième trafiquant, qui lui cède sa Mercedes. Ce dernier est un repris de justice ayant purgé une peine en Espagne pour trafic de véhicules. Le même véhicule a été enregistré une seconde fois en 2006 et refilé à un acheteur avec de faux documents. Sans que le service concerné signale l'irrégularité. C'est dire que la complicité est criarde. Sinon comment expliquer que durant la même année 2006, pas mois de six véhicules dont cinq semi-remorques ont vu leurs dossiers changer plusieurs fois de carte grise. Ainsi de Chéraga à Tissemsilt en passant par Nedroma et Béjaïa les camions changent de preneurs sans aucune rigueur administrative qu'exige le cas. Le commandant Mesdoud, chef de la section de recherches, se montre d'ailleurs stupéfait sur le fait que les services concernés de la wilaya de Tissemsilt ont alerté leurs collègues de Chéraga sur la non-conformité des dossiers relatifs aux camions mis en cause. Deux correspondances datées du 29 mai et du 6 juin derniers ont été carrément détournés par des mains occultes. En revanche, une correspondance, falsifiée bien sûr, fait état de dossiers en règle. En tout ce sont quelque 24 personnes qui ont été interpellées. Seul le guichetier du service cartes grises de la daïra de Chéraga se trouve actuellement sous mandat de dépôt. Son responsable, le chef de service et l'agent de saisie sont sous contrôle judiciaire. L'enquête toujours en cours promet certainement de faire des vagues au niveau de la daïra et de la commune de Bab El-Oued. À noter aussi que la même section de recherches a eu à traiter une affaire d'abus de pouvoir et de corruption dans laquelle est impliquée Mme B. F. la cinquantaine, cadre membre du comité des crédits au niveau de la direction générale de la BDL à Staouéli. C'est le changement subit de son train de vie qui a attiré l'attention de son entourage. Un séjour de 15 jours en Turquie en compagnie de ses deux enfants dans un cinq étoiles est considéré au- dessus des moyens du cadre mis en cause. Durant l'enquête ordonnée par le procureur de la République, il s'avèrera que la mise en cause était en contact permanent avec deux patrons de moulins qui ont pu grâce à elle obtenir des crédits de complaisance. La dame a également bénéficié d'un autre séjour dans un hôtel de même classe à Batna avec prise en charge par les deux corrupteurs. Les mis en cause ont d'abord nié les faits avant de passer à table. Présentés la semaine dernière devant le tribunal de Chéraga, ils ont été écroués. ALI FARES