Des inspecteurs praticiens sont chargés d'évaluer l'approvisionnement du marché national sur le terrain. Le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière suit de près sur le terrain l'opération d'interdiction d'importation des produits fabriqués localement. Il y a quelques jours, tous les opérateurs en produits pharmaceutiques ont été destinataires, en effet, de deux notes pour le seul motif, à savoir l'envoi d'une équipe d'inspection afin d'évaluer les aspects liés à l'application de cette mesure. L'une, datée du 29 juillet 2009, émane du secrétaire général du ministère, et l'autre a été envoyée samedi dernier par le directeur de la pharmacie. Les opérateurs n'ont pas caché leur étonnement quant aux raisons qui ont poussé deux structures d'un même département à adresser une missive portant un seul et même objet. “S'agit-il d'un malentendu, d'un manque de coordination ou d'une autre cause ?” s'interroge l'un des intervenants sur le créneau du médicament. On se demande d'ailleurs quelle est l'utilité pour une direction d'un ministère de dépêcher le même courrier à l'adresse de certains destinataires, alors que quatre jours avant, le secrétariat général avait déjà accompli la même mission. Une chose est sûre, avouent les opérateurs, la note du secrétaire général s'est avérée beaucoup plus claire que celle du directeur de la pharmacie. Du moins, l'objet a été bien défini puisqu'il y a été mentionné clairement qu'il s'agit d'une évaluation de l'approvisionnement du marché national en produits pharmaceutiques. “Dans le cadre des mesures prises par le ministère de la Santé pour la protection de la production nationale en produits, une opération d'évaluation sera effectuée sur le terrain par les praticiens inspecteurs, et ce, à partir du lundi 3 août 2009”, lit-on sur la note du SG. Celui-ci demande également à ses partenaires d'”apporter leur contribution en facilitant la tâche à ces praticiens inspecteurs et leur transmettre l'ensemble des informations demandées”. Celle initiée par le directeur de la pharmacie, en revanche, n'indique pas de motifs précis. “Nous informons l'ensemble des opérateurs pharmaceutiques (importateurs, fabricants et conditionneurs) que des inspections seront initiées par le ministère de la Santé à dater du lundi 3 août 2009. Aussi, nous vous prions de bien vouloir désigner une personne ressource au sein de vos structures”, est-il écrit dans la correspondance. Les opérateurs estiment que le SG suit l'opération afin d'accompagner la production locale et recevoir des informations à ce propos. “Par contre, la note de la direction de la pharmacie a un caractère qui fait ressortir en filigrane une sorte de sanction à l'égard des opérateurs”, affirment-ils. Ces derniers s'interrogent aussi pourquoi le SG n'a pas instruit le directeur de la pharmacie pour cette mission. Il faut noter que ces inspections auront à vérifier si les mesures prises par l'Exécutif sont appliquées par les importateurs, les fabricants et autres conditionneurs. Elles inspecteront si les objectifs tracés à travers cette mesure ont été atteints ou pas, notamment en matière de couverture des besoins du marché national. Les inspecteurs seront chargés aussi de contrôler l'état des stocks en termes de quantité et de capacité de production. Sur ce registre, les producteurs locaux ne ressentent plus, selon eux, l'impact de la mesure gouvernementale sur le marché national. Pour eux, le taux d'écoulement de leurs produits est resté le même. En termes plus clairs, ils n'ont pas encore récupéré les parts de marché qu'ils devraient recouvrer suite à l'interdiction d'importation de certains produits. Car, en principe, les parts de marché devraient être prépondérantes des importations interdites. Ils renvoient cela au fait que le programme d'importation, censé couvrir l'année 2008 uniquement, se soit apparemment poursuivi pour l'exercice 2009. Preuve en est la facture d'importation du médicament a enregistré une hausse de 13% durant le premier semestre 2009. Certes, la hausse n'a pas été aussi importante que celle de 2008 où elle a atteint 30% par rapport à 2007, mais il y a eu quand même augmentation. L'autre raison évoquée par ces professionnels a trait au report des prescriptions vers d'autres produits importés qui concernent toutefois la même classe thérapeutique. Autrement dit, les importateurs contournent la mesure d'Ouyahia en introduisant des produits sous d'autres formes, mais qui ont la même classe thérapeutique. D'où la nécessité d'une analyse fine du marché pour une meilleure régulation et contrôle de l'activité. Lors des inspections effectuées auparavant, la tutelle a procédé à l'arrêt de certaines sociétés qui n'ont pas respecté leur engagement en matière de fabrication. Ces fabricants ont montré leur incapacité à fabriquer des produits après s'être manifestés pour la sollicitation du ministère. Pourtant, ces laboratoires ont bel et bien reçu leur agrément en tant que fabricants. Badreddine KHRIS