Des fruits et légumes produits en Algérie iront bientôt faire valoir leur qualité sur le marché européen et bénéficieront d'une promotion. Aghilès Rebrab, Ahmed Boumezbeur et Karim Bensalah, parce que c'est d'eux qu'il s'agit, sont Algériens et font partie du Reage (Réseau des Algériens diplômés des grandes écoles et universités françaises). Ils se sont connus grâce à cet espace. Par leurs spécialités, ils ont décidé de promouvoir et placer les produits agricoles “made in Algeria” sur le marché européen sous la marque “Djazagreen”. “Djaza” qui est le diminutif d'Algérie et “green” (vert) pour l'agriculture. “Nous sommes partis du constat qu'on ne voyait pratiquement pas les produits d'origine algérienne dans les marchés de l'Europe. Ils ne sont pas du tout représentés. Cela nous contrariait de voir les autres produits en provenance de Tunisie ou du Maroc sur les étalages des grandes surfaces en Europe. Pourtant, les produits agricoles algériens sont de très bonne qualité”, soulignent-ils. Dans le cadre de discussions du Reage entrepreneur, ils ont largement abordé la question des exportations hors hydrocarbures et le potentiel de l'agriculture en Algérie. Depuis presque deux ans, “nous travaillons dessus avec des études de marché”. La marque “Djazagreen” a déjà été déposée. Dans cette louable initiative, ils ont associé Georges Helfer, le premier client spécialisé dans le domaine. En France, qui demeure le premier pays à conquérir, ils sont déjà en coopération avec le marché de Marseille, le plus important de l'arrivage des produits du Maghreb. “Nous avons des bons de commande des grandes distributions. Ils n'attendent que les produits”, confie Aghilès Rebrab. Du côté algérien, sur une base de données, ils rencontrent les agriculteurs et leur proposent leurs services. Pour le moment, une cinquantaine d'agriculteurs sont prêts à l'exportation. Les principaux produits sont l'abricot, la datte, le melon, le raisin, le poivron et la tomate. Les premières rencontres avec les agriculteurs se déroulent généralement bien, nous confie Aghilès Rebrab : “Les agriculteurs sont très heureux de notre proposition. Nous sentons qu'ils n'attendent que cela pour démarrer l'exportation. Certains exportaient déjà et avaient leur propre réseau, donc nous achetons les commandes à Marseille. Pour les autres, nous regardons s'ils sont aux normes, dans le cas contraire, nous les aidons à y accéder. Ensuite, nous nous occupons de toute la logistique pour l'exportation. L'agriculteur n'a qu'à produire”, précise-t-il. Pour la première année, l'objectif est d'exporter vers l'Europe une centaine de containers. Le but est de le faire tout au long de l'année et d'établir un véritable partenariat entre Djazagreen et les agriculteurs algériens. Dans cette optique, un bureau de Djazagreen va bientôt s'ouvrir sur Alger. Une présence indispensable sur le territoire algérien car la première vocation de Djazagreen, comme le rappelle un de ses concepteurs, est de “trouver des produits de qualité et de préserver notre image de marque en Europe”. Pour le vieux continent, un bureau va être installé à Londres avant la fin de l'année. La capitale anglaise a été choisie pour son statut de plaque tournante du marché des fruits et légumes de la Grande-Bretagne et du marché nord-américain. L'année prochaine, un autre bureau entrera en fonction à Rotterdam (Pays-Bas). Il va desservir toute l'Europe de l'Est. Une fois en place dans le réseau européen, Djazagreen développera sa stratégie. “Notre stratégie est de commencer par l'agriculture conventionnelle, ensuite aller vers le bio qui ne sera pas difficile à réaliser. Car l'agriculture algérienne étant bio, il ne suffit que de faire passer les certificats. À long terme, nous comptons développer le commerce équitable. Ce sont des échelons à franchir qui nous permettront d'avoir une meilleure assise pour gravir les paliers les uns après les autres”, affirme Aghilès Rebrab. En Europe, les consommateurs commencent à faire attention aux produits alimentaires qu'ils consomment, surtout pour les fruits et les légumes. Le bio est très en vogue particulièrement chez les jeunes cadres. Par conséquent, la demande est là. En 2008, la France, selon les chiffres douaniers, a importé 2,8 millions de tonnes de fruits et 1,7 million de tonnes de légumes. Dans les grands marchés comme à Rungis, Aghilès Rebrab confie que les anciens se souviennent de la qualité des produits agricoles algériens. En cas de succès, la marque Djazagreen pourrait s'étendre vers le domaine de l'agroalimentaire. émilie Marche