À quelques jours du mois de Ramadan, les prix des fruits et légumes ont pris l'ascenseur à Batna. La tomate fait rougir, le piment brûle les lèvres à celui qui prononce son prix, la pomme de terre à vous cabosser le crâne et l'oignon, “le répugnant”, vous fait pleurer à chaudes larmes. L'appel du secrétaire général de l'Union des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Salah Souilah, aux commerçants rapporté par les quotidiens nationaux “de se départir de la hausse des prix en évitant la spéculation durant le mois de Ramadan” n'a, malheureusement, pas eu l'écho favorable. Pour le gain facile, les marchands des fruits et légumes de la ville de Batna ont eu la réaction contraire. Au lieu de baisser les prix, ils les ont augmentés, multipliés par deux ou trois fois. Le mot d'ordre donné, comme disent les gens d'ici, est “rich halal” (les plumes sont licites). Et à ce rythme, les petites gens risquent d'y laisser des plumes, avant même le début du mois sacré. À Batna ville, les piments verts et les poivrons ont atteint les 100 et les 120 DA le kilo, le prix du melon est fixé entre 70 à 90 DA, la pastèque entre 30 et 50 DA, la pomme se vend à 200 DA, la courgette de bonne qualité à 70 DA, le raisin à 180 DA le kilo, la pomme de terre à 45 DA et l'oignon à 40 DA. Pour ce qui est de la viande d'agneau (viande appréciée dans les Aurès), le kilo coûte 750 DA. À la question: “Pourquoi cette augmentation des prix ?”, on l'explique par l'approche du mois de Ramadan ! C'est devenu une habitude. Censé être le mois de dévotion et de tolérance, Ramadan est devenu, à cause de gens peu scrupuleux, le mois du gain facile et du vol. A la question : “Où sont les contrôleurs des prix ?”, on vous répond qu'il n'y a pas une loi qui fixe les prix des produits et “tag ala men tag”, répondent certains. Si certains commerçants daignent vous expliquer la hausse des prix des fruits et légumes par l'informel, l'absence de régulation dans l'approvisionnement du marché de ces produits, d'autres marchands préfèrent appliquer la politique du “ech'ri ouala khali” (tu achètes ou tu laisses). Le citoyen n'a pas d'autre alternative que d'abdiquer, à moins qu'il préfère jeûner toute la vie. Là où vous dirigez la tête, les prix prennent des ailes. “Allez voir, à combien la pomme de terre est vendue aujourd'hui”, vous lancent les citoyens. Ils se plaignent tous de la cherté, mais finissent par acheter et rentrer chez eux. “Achetez selon vos moyens”, vous conseillent certains sages, comme s'ils ne savent pas que la plupart des citoyens n'ont pas les moyens justement. La vérité, vous disent les citoyens, est que “kse'm fakir nahaouah”. D'autres vous orientent ou vous conseillent d'aller faire vos approvisionnements le matin du côté du marché de gros, ou du marché de la gare, où les prix sont plus abordables. Si pour les véhiculés, c'est une aubaine, pour ceux qui louent un taxi, ça revient au même. “S'ils parviennent à fuir Gabriel, ils tombent entre les mains de kabad larouah”, nous fait observer un enseignant. Attendons qu'apportera le mois de Ramadan ? B. Boumaïla