Tandis qu'en Iran, les tribunaux exceptionnels passent en justice des opposants à l'élection du président Ahmadinejad, et que les gardiens de la révolution dont est issu ce dernier, appellent à juger Moussavi, le candidat malheureux réformateur et son sponsor, Khatami, l'ex-président réformateur qui n'a rien pu faire durant ses deux mandats sinon enraciner l'idée de changement dans le pays des ayatollahs, voilà que la secrétaire d'Etat américaine vole au secours de l'establishment conservateur. Hillary Clinton a reconnue en personne les Etats-Unis avaient fait “beaucoup en coulisses” pour soutenir les contestataires en Iran. “Nous ne voulons pas nous placer entre les autorités et les Iraniens qui protestent de façon légitime. Car si nous intervenons trop tôt et trop fort (...) les autorités voudront nous utiliser pour unifier le pays contre les protestataires”, a-t-elle déclaré dans un entretien enregistré par CNN. “Mais, en coulisses, nous avons fait beaucoup”, a-t-elle ajouté. “Nous avons fait beaucoup pour renforcer les contestataires sans nous mettre entre eux et le régime. Et nous continuons de soutenir l'opposition”, a affirmé l'ex first lady américaine. De quoi alimenter les chefs d'accusation de Téhéran contre ceux qui n'ont pas voulu d'Ahmadinejad. Ces opposants sont accusés d'avoir fomenté un “complot”. À ce rythme, bientôt tous les chefs du mouvement de protestation contre la réélection du protégé du guide de la révolution islamique, Ali Khamenei, défileront devant le box des accusés pour être jugés et punis. Les titres officiels parlent d'eux comme des éléments vendus aux étrangers. Khatami, Moussavi et Karoubi avaient demandé l'annulation du scrutin présidentiel, en dénonçant des fraudes. Le jour de l'investiture de Mahmoud Ahmadinejad, Mir Hossein Moussavi a affirmé que les arrestations de manifestants n'empêcheraient pas la poursuite de la contestation. D. B.