Le gouvernement a décidé de prendre en charge les préoccupations des éleveurs ovins et des producteurs de pomme de terre. Il faut savoir que le prix de la pomme de terre a baissé à 12 DA et ce, à cause de l'excédent qui caractérise l'offre, et risque d'atteindre les 10 DA au cours de la prochaine récolte, sans compter les arrivages de la production de juillet et août venant des Hauts-Plateaux, de l'Ouest et des plaines de la Mitidja. Une situation qui a poussé les agriculteurs à brader leurs récoltes. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, a annoncé, hier, que de nouvelles mesures, seront prises prochainement en faveur des éleveurs ovins. En outre, un système de régulation pour les produits agricoles de grande consommation, notamment la pomme de terre, entrera en vigueur à partir d'aujourd'hui, selon le ministre. Dans une déclaration à la presse, en marge de la séance plénière consacrée à l'adoption du projet de loi portant orientation agricole, M. Benaïssa a affirmé que les acteurs professionnels ont répondu favorablement à ce nouveau système. Le système de régulation des produits agricoles de large consommation (SYRPALAC) mis en place à travers la constitution de stocks d'intervention à partir de la production nationale, a pour objectif d'éponger les surplus et protéger les revenus des agriculteurs, mais aussi de mettre les quantités stockées sur le marché à des moments étudiés afin de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. La première opération qui mobilisera des opérateurs privés, publics, et institutionnels concernera la constitution d'un stock de 150 000 tonnes de pomme de terre de consommation réparties à travers tout le territoire national. Le prix de référence d'intervention fixé à 20 DA/kg, servira de base de calcul à toutes les opérations qui lieront le ministère de l'Agriculture et du Développement rural et les stockeurs qui souhaitent faire partie du système de régulation des produits agricoles de large consommation. L'opération portant sur l'identification et la constitution des stocks démarrera demain et se poursuivra jusqu'au 15 août prochain. Les stockeurs potentiels, entreprises privées, publiques, institutions, coopératives ou agriculteurs disposant de capacités de froid sont invités à se rapprocher des wilayas- Directions des services agricoles, afin de retirer les spécimens d'engagement, de contrat et de cahiers des charges et obtenir toutes les informations utiles. Selon les explications du ministre, il y a deux objectifs pour ce système. Il s'agit en premier de protéger les revenus des fellahs et les encourager à maintenir leur activité pour la prochaine saison agricole afin d'être prêt. Cette mesure permettra, selon le représentant du gouvernement, d'intervenir dans le cas où les prix changent sur marché. Il sera question, également, d'un suivi quotidien des données du marché et de la production et soutenir les producteurs, puisque ce système est dynamique. Dans ce contexte, il a ajouté que les facteurs techniques pour la mise en place de ce système sont déjà déployés sur le terrain et le gouvernement va commencer par la pomme de terre. Revenant à la nouvelle loi d'orientation agricole, adoptée hier par l'Assemblée nationale, le ministre a souligné que celle-ci permettra de se mobiliser pour préserver les mesures d'intervention de l'Etat pour préserver les terres agricoles. Les dispositions portent aussi sur la question de la sécurité alimentaire comme étant «quelque chose de stratégique dans le renforcement de la souveraineté nationale». La loi consacre la concession comme seul mode d'exploitation des terres relevant du domaine privé de l'Etat. A ce sujet, le ministre a révélé que les contrats de concession seront de longue durée. Il faut rappeler que les parlementaires proposent de relever la durée de la concession des terres agricoles à 99 ans au lieu de 40 ans. Cependant, le texte adopté dépendra dans sa mise en oeuvre des textes d'application, comme c'était le cas pour la loi d'orientation foncière de 1987 sur le domaine public «qui n'a rien apporté au secteur et dont les textes d'application n'ont pas encore vu le jour», avait fait remarquer M. Allioui, SG de l'Union nationale des paysans algériens.Dans ce contexte, il a demandé au gouvernement de soumettre aux députés les textes d'application de la loi sur le foncier agricole afin d'examiner la question de manière globale. Le rapport en question préconise aussi un contrôle plus rigoureux sur l'activité de l'importation des produits agricoles. Parmi les mesures prévues par cette loi, il y a l'institution d'un fichier et d'une carte déterminant les potentialités du patrimoine et des terres agricoles. Les mutations foncières ayant pour objet des terres à vocation agricole sont conditionnées par l'aval de l'administration centrale, après avoir examiné le dossier en conseil de gouvernement. En outre, la loi crée un mécanisme pouvant aider à gérer la dette des agriculteurs. Elle prévoit, dans ce sens, la création d'une mutualité agricole, qui est une institution professionnelle avec pour but, notamment, de réaliser pour ses membres sociétaires, affiliés ou bénéficiaires, toute opération d'assurance et de réassurance, de crédit et de compensation basée sur l'esprit de solidarité et d'entraide. Et en cas de calamité naturelle ou survenance d'aléas imprévisibles, ou cas de sinistres non assurables, les exploitants agricoles pourront bénéficier, au titre de la solidarité nationale, d'aide dans le cadre de la législation en vigueur.