Il avoue que concernant les statistiques, le ministre du Commerce donne des informations en contradiction avec celles de son collègue de l'Agriculture. “Par quel miracle on va baisser les prix du poulet s'il n'y a pas un surstockage ou une surproduction ?” C'est à travers cette interrogation qu'a réagi, hier, Mokrane Mezouane, le président de l'Association de la filière avicole aux récentes déclarations du ministre du Commerce selon lesquelles, il y aura le maintien des prix bas du poulet durant le mois du Ramadhan. “Nous avons une production annuelle régulière dans cette filière avec 16 à 17 millions de poulets par mois”, dit-il avant de noter que “si le prix du poulet durant le mois de juillet était élevé, c'est qu'il n'y a pas eu de stockage de ce produit”. Comment se présente la situation durant le mois du Ramadhan ? À cette question, Mokrane Mezouane notera que “durant le Ramadhan, il faut compter avec ce qu'on produit mensuellement, c'est-à-dire 16 à 17 millions de poulets”. Emettant l'hypothèse que le ministère du Commerce ait recours à l'importation du poulet congelé pour faire baisser ses prix durant le Ramadhan, le président de l'Association de la filière avicole doute de la possibilité de son écoulement sur le marché algérien à plus forte raison durant le mois du Ramadhan : “Il n'est pas certain que les gens achètent du poulet congelé durant le mois du Ramadhan”, dit-il en substance. Ce disant, Mokrane Mezouane pense que par rapport aux déclarations selon lesquelles il y aurait un maintien du niveau bas des prix du poulet que “le ministre du Commerce ne dit pas tout”. “C'est seulement une façon à lui de tranquilliser le peuple durant le Ramadhan”, dit-il avant de noter que “le ministre du Commerce donne des informations en contradiction avec celles du ministère de l'Agriculture surtout s'agissant des chiffres, alors que le premier parle de 26 000 tonnes de poulets par an, le second parle de 450 000 tonnes de poulets par an”. Quoi qu'il en soit, le prix du poulet, selon ce spécialiste en la matière ne connaîtra pas de baisse. Sollicité à propos de la satisfaction des revendications de la filière à l'issue de l'entrevue d'il y a une année avec le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, notre interlocuteur dira que “rien n'a été fait !”. Et de rappeler les principales revendications de sa filière : “Nous avons demandé une mise à niveau généralisée de la filière, en ce sens qu'il a été exigé de revoir les conditions de l'élevage à tous les niveaux”, dit-il avant d'exiger de revoir la formation des opérateurs dans la filière avicole. La raison ? “99% des exploitants n'ont pas de formation spécifique dans l'aviculture”, dit-il tout en citant un exemple : “Savez-vous que nos poulaillers ne sont pas équipés, ce qui provoque des pertes de cheptel”, note-t-il. Et d'expliquer : “Durant deux semaines du mois de juillet, marquées par une forte chaleur, il y a eu une importante perte de cheptel, parce que les poulaillers ne sont pas équipés par des humidificateurs qui baissent les températures durant les périodes caniculaires.” Evoquant le problème de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) imposée aux éleveurs qui est de l'ordre de 17%, notre interlocuteur pense qu'elle est “élevée”. “L'éleveur lui-même ne gagne pas 17%”, dit-il avant de revendiquer sa suppression en raison de la situation délétère qu'elle crée au sein de la filière : “On fait fuir les éleveurs vers l'informel”, dit-il arguant que “les éleveurs ont une peur bleue du fisc, ils se disent que si l'on travaille dans la légalité, on paye 17% aux impôts et si l'on est dans l'informel, ces 17% iront dans nos poches”. Interrogé sur l'organisation et la structuration de la filière avicole, M. Mezouane dira qu'“elle est totalement désorganisée”. La création de l'Association de la filière avicole a été, en effet, une tentative en vue de la remettre sur les rails et de l'organiser. Toutefois, l'administration refuse l'agrément de cette association : “Nous avons déposé le dossier de notre association en juin 2007 auprès du ministère de l'Intérieur et jusqu'à ce jour nous n'avons pas eu notre agrément, pourtant nous sommes une association à caractère professionnel”. “Nous avons rencontré les responsables du ministère de l'Intérieur à plusieurs occasions mais sans pour autant nous régler le problème de notre agrément”, dit-il tout en notant : “Au ministère de l'Intérieur, on nous demande d'attendre qu'on nous appelle, mais notre attente dure depuis 2007, ce n'est pas normal.” “Le jour où nous avons déposé le dossier de notre association, on ne nous a même pas donné un accusé de réception”, dit-il avant de noter que “le premier à piétiner les lois, c'est le ministère de l'Intérieur”. “Faut-il activer sans agrément ?”, s'est interrogé Mezouane.