L'histoire des langues est caractéristique de ce qu'elles ont été le premier élément vivant inventé par l'homme. Une science leur a été consacrée : la linguistique. Depuis, d'éminents spécialistes ne cessent de nous faire découvrir leur âme et leurs secrets. Ce qui peut se manifester être une simple mécanique à répétition des mots est en réalité un monde mouvant et continuellement en ébullition. Une langue ne naît pas développée, elle le devient, disait Mammeri. Son développement impose des règles d'être en rapport avec l'évolution foudroyante de l'intelligence humaine. Chaque jour, des découvertes sont annoncées dans moult domaines. À peine sont-elles mises en service qu'elles sont déjà dépassées et remises en cause par des innovations à la chaîne. Nous vivons donc dans un environnement où la compétition de l'intelligence humaine est impitoyable au sens qu'elle n'autorise aucune forme de complaisance basée sur des sentiments étroits, caducs et dépassés et qui s'articulent autour des notions confuses et désuètes de souveraineté nationale, d'amour propre mal placé, d'intérêts sacrifiés et tout et tout. Pourtant, feu Mustapha Lacheraf, grand homme politique et intellectuel, hélas le plus éphémère ministre de l'Education nationale dans les années fin 70, déclarait que les tenants d'un chauvinisme souffreteux s'en allaient marteler à tout vent l'arabisation complète et à tout prix, scolarisaient en même temps leurs enfants dans les anciennes écoles françaises appelées alors les offices français. Aujourd'hui que l'expérience s'est effondrée, plus qu'elle n'a montré ses limites, elle hypothèque du même coup l'avenir du pays. Nous sommes alors en droit légitime de nous poser la question de savoir quel est réellement l'impact et l'efficacité d'un décret ou d'une ordonnance qui impose une langue très retardée par les effets rapides de l'évolution. Pourtant les auteurs des règlements et autres lois, totalement à contresens de notre intérêt général, savent par avance que cela relève d'une simple dissipation. Autrement dit, le bateau prend eau et orgueil de partout pendant qu'on laisse faire le gigantesque travail des vagues de la modernité, de la science et de la technologie qui emportent et soumettent tout devant elles… malheureusement, nous avec. A. A. ([email protected])