Le National Democratic Institute for International Affairs (NDI) organise, depuis hier, une série de conférences-débats sur les “systèmes électoraux”, au Centre international de presse, qui prendra fin demain après-midi. Il est question, selon cette ONG américaine, d'exposer “les standards internationaux”, en matière d'élections démocratiques, d'examiner les cas de certains pays d'Amérique latine et d'Europe de l'Est, qui se sont lancés dans la transition démocratique, et de débattre du cadre juridique algérien ainsi que de l'expérience des élections multipartites. La journée d'hier a été consacrée particulièrement au cas du Salvador, à sa réforme électorale et à sa transition vers la démocratie. Eduardo Colindres, ancien ministre salvadorien de l'Education et également membre de NDI, a rappelé le contexte des années 1930, pour mieux situer la nature du système politique du Salvador, qui a mené le pays à la guerre civile, après avoir “poussé plusieurs secteurs de la population à la guérilla”. “L'oligarchie contrôlait les richesses du pays et l'appareil d'Etat était, quant à lui, contrôlé par les militaires”, a précisé M. Colindres. Ce dernier a révélé que ce n'est qu'en octobre 1979 que le Salvador a franchi “le pas vers la démocratie” après un coup d'Etat. Mais, le chemin n'a pas été facile, surtout après l'éclatement de la guerre civile qui a fait 5 000 morts et “beaucoup” de disparus, en contraignant quelque deux millions de personnes à fuir le pays. Ce n'est qu'en 1984 que le Salvador a connu ses premières élections “libres”, a indiqué l'intervenant, avant de noter qu'un processus de dialogue a été initié dès 1989 avec la guérilla et qui s'est achevé par la conclusion d'“accords de paix”. Des accords qui décideront, selon l'orateur, de la sortie de l'armée de la sphère politique, de la création d'une police nationale civile et de la transformation du FNLM (Mouvement de la guérilla) en parti politique. “Aujourd'hui, il n'y a plus de fraudes électorales systématiques… Il reste encore des problèmes de pauvreté et d'insécurité, mais nous avons certaines perspectives au Salvador”, a déclaré Eduardo Colindres. Puis de conclure : “Cette histoire démontre que le pluralisme, la démocratie et la tolérance sont possibles.” Au cours du débat, le conférencier a apporté de précieuses clarifications. Il insistera sur le combat contre l'oubli “dans le sens positif, pour ne pas maintenir une situation de guerre”. Il parlera de la “tendance de gauche” du FNLM et du rôle “très important” joué par les universitaires au sein de la guérilla. Il précisera qu'au Salvador, “il n'y a pas de partis politiques religieux”, mettant en avant “la séparation du religieux et du politique”. Il révélera que son pays n'a plus de monnaie nationale, qu'il fonctionne avec “le dollar américain” et que ses échanges commerciaux avec les Etats-Unis sont de 70 à 90%. Il reconnaîtra enfin que “les décisions économiques réelles” sont prises par le Fonds monétaire international. “On a, certes, besoin de sa propre monnaie nationale, mais quand la décision est prise par d'autres, la question se pose différemment”, dira-t-il de la manière la plus pragmatique. L'initiative de NDI a drainé, hier, un grand monde au Centre international de la presse. Des militants des droits de l'Homme, des avocats, des syndicalistes, des militants de partis politiques (RCD, RND, MSP, El-Islah) et des journalistes ont pris part à la discussion. La participation des islamistes a été très remarquée, tout comme celle de l'association des disparus, qui ont profité de “la tribune” qui s'offrait à eux pour exposer leurs revendications. On remarquera que les organisateurs ont fait appel aux compétences de Rachid Lourari pour traiter du “cadre juridique algérien”. La programmation de M. Lourari, connue hier après-midi, après la distribution du programme, a contraint certains participants à quitter la salle. “Je ne veux pas cautionner Lourari, ni son parti Wafa, et je soupçonne les gens de NDI de vouloir privilégier les islamistes”, nous a déclaré une responsable d'une association de femmes. La journée d'aujourd'hui est consacrée à l'étude de cas et à l'expérience de la “commission nationale politique pour la surveillance des élections législatives et locales”. La journée de demain portera sur l'expérience en Algérie et verra deux ateliers de travail (propositions de réforme et modalités de réforme), de même que la présentation des propositions en plénière. H. A.